FootballUne Turquie jeune, mais très ambitieuse
Treize ans après avoir été en demi-finale à l’Euro 2008, la sélection turque retrouve des couleurs grâce à sa nouvelle génération dorée. Confirmation ce vendredi soir contre l’Italie (21h)?
- par
- André Boschetti

Après avoir emmené Lille vers le titre en France, Burak Yilmaz (à gauche) et Zeki Celik comptent bien réaliser un nouvel exploit à l’Euro avec leur équipe nationale.
Sans grand risque de se tromper, la Suisse jouera sa qualification pour les huitièmes de finale de l’Euro le dimanche 20 juin, à Bakou. Face à cette Turquie qui lui rappelle toutes sortes de souvenirs. D’abord très bons avec cette qualification pour le Mondial 2006, arrachée dans l’enfer d’Istanbul par l’équipe alors coachée par Köbi Kuhn, en novembre 2005, face à celle que dirigeait alors Fatih Terim. Puis très mauvais lors de l’Euro 2008 puisque les Suisses avaient perdu, dès leur deuxième match, leurs dernières illusions de se qualifier pour les quarts de finale en s’inclinant 1-2 face aux Turcs, à Bâle en phase de poule.
Longue traversée du désert
Un tournoi austro-suisse au cours duquel la Turquie avait, ensuite, atteint les demi-finales, le meilleur résultat de son histoire dans un Euro, six ans après avoir réussi son meilleur placement en Coupe du monde (3e). La défaite concédée, à Bâle encore, contre l’Allemagne en demi-finale (2-3) allait toutefois marquer à la fois la fin d’une magnifique génération et le début d’une longue traversée du désert pour la Turquie. Privés de grands rendez-vous tant en 2010 qu’en 2012, en 2014 et en 2018 - une succession d’échecs entrecoupés d’une participation sans gloire à l’Euro 2016 - , les Turcs pointent en effet à nouveau le bout de leur nez depuis 2018.
Un renouveau qui porte la patte de Senol Günes (69 ans), ce même sélectionneur qui avait conduit, 19 ans plus tôt, la Turquie sur le podium en Corée et au Japon. Des progrès fulgurants qui ont permis aux Turcs de faire longtemps jeu égal avec la France lors d’une phase de qualification pour l’Euro qu’ils termineront deux petits points seulement derrière les champions du monde. Un adversaire contre lequel ils sont d’ailleurs invaincus en deux confrontations (une victoire en Turquie et un nul à Paris).
Un petit exploit qu’ils doivent surtout à leur nouvelle génération dorée. Parfaitement encadrés par les expérimentés Burak Yilmaz (35 ans/Lille) et Hakan Calhanoglu (27 ans/AC Milan), les jeunes talents ne manquent pas avec Söyüncü (Leicester), Yazici (Lille), Demiral (Juventus), Müldür et Ayah (Sassuolo), Kabak (Liverpool), Celik (Lille) et autre Ünder (Leicester). La sélection de Günes est d’ailleurs celle qui possède, avec un peu moins de 25 ans, la moyenne d’âge la plus basse des vingt-quatre équipes engagées à l’Euro.
Sans pression
Seulement 29e au classement FIFA, la Turquie est certes l’équipe la moins bien classée de ce groupe A, mais elle est toutefois très loin de se profiler comme un adversaire idéal. L’Italie pourra s’en rendre compte dès le match d’ouverture, ce 11 juin à Rome. Sans pression, les jeunes Turcs ne manquent d’ailleurs pas d’ambition comme ils l’ont brillamment montré lors des qualifications. Sans le clamer haut et fort, ils sont certains d’avoir leur place dans la deuxième phase, à élimination directe, de cet Euro où une vraie hiérarchie est difficile à établir, tant les effets secondaires de deux dernières saisons extraordinaires - dans le sens premier du terme - sont impossibles à prévoir. Une incertitude dont la Turquie pourrait bien profiter.