Syndicat: Unia s'oppose à la désindustrialisation de la Suisse

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SyndicatUnia s'oppose à la désindustrialisation de la Suisse

Le syndicat Unia a convié de grands patrons de l'industrie avec pour objectif de renforcer le dialogue entre partenaires sociaux.

De gauche à droite, Nick Hayek, patron de Swatch Group, Corrado Pardini, responsable du secteur du secteur Industrie d'Unia, et Paul Rechsteiner, président de l'Union syndicale suisse (USS).

De gauche à droite, Nick Hayek, patron de Swatch Group, Corrado Pardini, responsable du secteur du secteur Industrie d'Unia, et Paul Rechsteiner, président de l'Union syndicale suisse (USS).

Keystone

Unia veut lutter contre la désindustrialisation de la Suisse.

«La place économique suisse est en danger», a déclaré vendredi à Berne Corrado Pardini, responsable du secteur Industrie d'Unia, lors de la journée de l'industrie organisée par le syndicat. «Nous voulons agir afin de préserver les plus de 600'000 emplois de la branche», a-t-il souligné.

Sans les partenaires sociaux, aucune solution ne peut être trouvée aux défis que connaissent l'industrie suisse, soit le franc fort et les relations avec l'Union européenne (UE), estime le conseiller national (PS/BE).

Unia a invité cette année le directeur général de Swatch Group Nick Hayek et le patron de Stadler Rail Peter Spuhler, afin d'aborder la question du partenariat social et l'avenir de l'industrie helvétique.

Entrepreneurs loués

«Nous aurions dû faire il y a longtemps, ce que nous faisons aujourd'hui. Certaines associations patronales ne souhaitent toutefois pas entendre parler de table ronde et pensent qu'elles peuvent résoudre les problèmes sans les syndicats», regrette Corrado Pardini.

Le syndicaliste a vanté les mérites de Nick Hayek et Peter Spuhler, «de vrais industriels» à ses yeux. «Nos relations sont parfois tumultueuses et les négociations difficiles, mais ce sont de vrais partenaires sociaux», a-t-il relevé. Corrado Pardini a exprimé ainsi le souhait de voir davantage d'entrepreneurs au sein des associations patronales plutôt que des managers.

Le franc fort reste le principal défi pour les entreprises suisses, près de neuf mois après l'abolition du taux plancher de l'euro. Il constitue un «cocktail empoisonné», a souligné Nick Hayek. «Au sol tout semble parfait, mais il y a beaucoup de turbulence en vol», a imagé le directeur général de Swatch Group, pilote d'hélicoptère.

Pragmatisme et décentralisation

La force de la Suisse réside dans sa capacité et son envie de produire malgré les obstacles, estime le patron du géant horloger biennois. Selon lui, il faut de l'imagination et du courage pour développer et fabriquer des produits. «Il est indispensable de garder cet esprit d'entrepreneur et de le faire vivre.»

Nick Hayek a également loué le fédéralisme pragmatique, appelant les syndicats à agir de façon décentralisée, tout en se coordonnant. «La Suisse est forte de sa diversité», a-t-il résumé. Le directeur de Swatch Group souhaiterait voir le pragmatisme des syndicats suisses exporté à l'étranger.

Concernant l'épineux dossier européen, Nick Hayek refuse de céder à la peur. «L'Europe a tout autant besoin du maintien des bilatérales que la Suisse. Le peuple s'est prononcé. Il s'agit de la meilleure base pour négocier», estime-t-il.

Soutien aux bilatérales

Après les élections fédérales, la question de l'avenir des bilatérales va se poser, a pour sa part fait remarquer Paul Rechsteiner, président de l'Union syndicale suisse (USS). Chaque fois que le peuple s'est prononcé, il a soutenu les bilatérales, a rappelé le conseiller aux Etats (PS/SG).

Les différents intervenants n'ont pas ménagé leurs critiques à l'égard de la Banque nationale suisse. «La BNS manque d'imagination. L'équipe actuelle n'est pas crédible et l'institution est faible», a lancé Nick Hayek.

De son côté, Peter Spuhler manifeste une certaine compréhension face à la décision de la BNS d'abolir le taux plancher. Le patron du fabricant thurgovien de matériel ferroviaire Stadler Rail regrette toutefois le moment choisi et la méthode adoptée.

BNS tancée

Côté syndical, on fustige l'attentisme de la BNS. «Notre monnaie doit servir notre pays au lieu de le mettre en danger», estime Paul Rechsteiner.

Pour Peter Spuhler, les entreprises ne peuvent se contenter de réduire leurs coûts, afin de maintenir leur compétitivité. «Nous allons couler si nous nous concentrons uniquement sur les coûts», a affirmé l'ancien conseiller national UDC. A ses yeux, la survie passe aussi par l'innovation et la conquête de nouveaux marchés.

Selon Unia, il y a urgence à agir pour éviter de nouvelles pertes d'emplois. Les prévisions économiques actuelles n'ont aucune valeur et ne reflètent pas les difficultés de l'industrie d'exportation et du tourisme, estime Corrado Pardini. Avant de conclure: «Nous allons saigner si nous ne réagissons pas».

(ats)

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