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tennisUS Open - Les Williams, rivales et complices (MAGAZINE)

New York, 8 sept 2015 (AFP) - Du court en ciment imparfait de Compton à l'impressionnant Arthur Ashe Stadium de Flushing Meadows, Serena et Venus Williams ont toujours réussi à préserver leur étonnante complicité malgré leur détonante rivalité: c'est encore le cas avant leur quart de finale mardi à l'US Open.

Au début des années 1990, deux gamines souriantes, aux cheveux perlés s'entraînaient dans le quartier difficile de Compton à Los Angeles, sous la surveillance bienveillante, selon la légende, de dealers et délinquants.

Leur père et entraîneur annonçait à qui voulait l'entendre que Venus l'aînée et Serena la cadette seraient un jour N.1 mondiales et qu'elles allaient révolutionner le tennis féminin.

Richard Williams a vu juste: ses filles, avec la couleur de leur peau, leur puissance physique, leur palmarès et leur complicité aussi, ont changé la donne.

Richard Williams, qui se déplace rarement désormais sur le circuit, n'assistera pas à la 27e édition du duel entre ses filles. Tout comme son ex-femme, Oracene.

"Il nous a toujours dit avant ce genre de match: amusez-vous! Pour nos parents, peu importe qui gagne, mais ils préférent ne pas être en tribunes", explique Venus.

En cas de victoire, l'ancienne N.1 mondiale, âgée de 35 ans, empêcherait sa soeur cadette de réaliser un exploit rare: remporter la même année les quatre titres du Grand Chelem.

Mais cette perspective ne l'empêche pas de dormir: "Je n'ai bien sûr pas envie de gâcher quoi que ce soit, mais je suis concentrée sur l'idée de remporter ce match même si les répercussions sont moins importantes pour moi que pour elle", insiste-t-elle.

Serena, elle, s'attend à un match compliqué: "Parce que c'est ma soeur, mais surtout parce que c'est une joueuse extraordinaire", prévient l'incontestée N.1 mondiale.

Et le Grand Chelem n'est pas, à l'entendre, une priorité: "Je n'ai pas l'impression que si je gagne pas ce tournoi, j'aurais raté ma carrière", assène-t-elle.

"S'il y a quelqu'un contre qui je suis prête à perdre, c'est bien Venus, même si je n'aime pas perdre. Elle m'a permis d'atteindre ce niveau, elle m'a fait devenir ce que je suis", poursuit-t-elle.

"On n'a réussi à prouver qu'on pouvait être rivales sur les courts et amies et soeurs en dehors", insiste Serena Williams, qui compte à son palmarès 21 titres du Grand Chelem.

Après cinq années difficiles entre grave problème de santé, blessure au dos et crise de confiance, Venus fait en tous cas à nouveau peur: elle a remporté un titre en 2015, atteint les quarts de finale de l'Open d'Australie et n'avait plus été à pareille fête à New York depuis 2010.

"Cela nous amuse de nous retrouver en match, car nous sommes heureuses d'être encore à ce niveau après toutes ces années", sourit Serena.

"Notre rivalité a permis, je crois, à notre sport de grandir, car une telle rivalité entre soeurs à ce niveau est inhabituelle, les gens trouvent notre histoire intéressante", renchérit Venus, sacrée à deux reprises à New York (2000, 2001).

Si elles ont désormais chacune leur vie, leur cercle d'amis ou même leur structure d'entraînement, elles sont sur le circuit toujours inséparables et partagent loin des courts, une même passion pour la mode.

Elles se sont aussi fixé un dernier objectif commun: défendre en 2016 à Rio leur titre olympique en double.

L'heure sera alors sans doute venue pour Venus, millionnaire comme sa soeur (31 millions de dollars en gains pour l'ainée, 73 M pour la cadette), de raccrocher sa raquette.

"J'aurai besoin de faire une pause, finis les voyages et le tennis. Peut-être que je reviendrai dans vingt ans, pour entraîner quelqu'un", plaisante celle qui vient d'être diplômée en commerce de l'université d'Indiana.

Elle a aussi en tête des projets pour aider des enfants en difficultés, notamment à Compton là où tout a commencé. Elle espère y associer une certaine... Serena Williams.

jr/dhe

(AFP)

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