FranceValls ne parvient à calmer la contestation
Le Premier ministre devait faire face, vendredi, aux réactions virulentes qu'a provoqué la loi El Khomri.

De gauche à droite, Myriam El Khomri et Manuel Valls.
Manuel Valls a promis vendredi de dévoiler lundi un compromis «dynamique et ambitieux» sur la réforme du Code du travail. Mais le Premier ministre français n'a pas réussi à convaincre les mouvements étudiants et lycéens d'abandonner leur combat contre le texte.
Après avoir été reçus par le Premier ministre, l'Unef (Union nationale des étudiants de France) et trois syndicats lycéens se sont montrés mécontents. «Le désaccord de fond reste entier», a dit à la presse William Martinet, président de l'Unef.
«Ce gouvernement reste sur la même logique et nous explique qu'il faudrait précariser le marché du travail pour que les jeunes puissent accéder à l'emploi», a-t-il ajouté. «Il y a nécessité, du côté des étudiants, d'amplifier la mobilisation qui est en cours actuellement dans les universités.»
Après sa rencontre avec Manuel Valls, Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, et la ministre du Travail Myriam El Khomri, William Martinet a appelé les étudiants à participer massivement à la journée de mobilisation des jeunes le 17 mars et à celle du 31 mars, qui réunira aussi les salariés. Les syndicats «réformistes» ont appelé quant à eux à des rassemblements ce samedi.
Travailler «made in China»
Les trois syndicats lycéens reçus à Matignon ont aussi annoncé qu'ils manifesteraient jusqu'au retrait du projet. «Le Premier ministre refuse d'écouter la jeunesse», a déclaré Alex Pellier, vice-président de la FIDL. «Valls et le gouvernement nous proposent une loi 'made in Medef' pour nous faire travailler 'made in China'.»
«On appelle au retrait de cette loi, pur et simple, il n'y aura pas de négociation tant que ce projet ne sera pas retiré», a ajouté la présidente de la FIDL, Zoïa Guschlbauer. La Fage, un autre syndicat étudiant, a dit qu'il attendrait de voir lundi si ses demandes de modification du texte avaient été entendues.
Selon le président de la Fage, Alexandre Leroy, Manuel Valls a signalé qu'il y avait de l'espace pour modifier le texte sur les indemnités prud'homales, les motifs de licenciement économique et l'aménagement du temps du travail.
Liberté et la sécurité
Deux jours après des manifestations qui ont rassemblé entre 224'000 et 500'000 personnes dans toute la France, le gouvernement tente d'éviter que le mouvement s'envenime. «Nous souhaitons bâtir un compromis qui soit dynamique et ambitieux», a dit Manuel Valls à la presse aux côtés de ses deux collègues, après la réunion.
Le Premier ministre a souligné que «réformer (...) ça n'est pas passer en force, ça n'est pas brutaliser». «Il y a un débat dans le pays (...) autour de l'inquiétude de la jeunesse. La jeunesse, c'est la priorité du quinquennat de François Hollande», a-t-il ajouté. «A cette angoisse, nous devons répondre à la fois par la liberté et la sécurité.»
L'opinion s'écarte du projet
Selon un sondage diffusé vendredi, huit Français sur dix (82%) sont pour la modification (47%) ou le retrait (35%) de la réforme du Code du travail. Dix-sept pour cent souhaitent que le gouvernement maintienne son projet en l'état.
Parmi les électeurs de François Hollande en 2012, 56% sont pour la modification du texte, 31% pour le retrait et 12% pour le maintien. Les électeurs de Nicolas Sarkozy sont les plus favorables, avec 35% pour le maintien.
Le sondage OpinionWay-LCI-Metronews a été réalisé les 9 et 10 mars auprès d'un échantillon de 982 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.