Fédérales 2015Vaud: forte percée du PLR, le PS perd des plumes
Le parti libéral-radical redevient le premier parti de la députation vaudoise au National.

Deux nouveaux élus PLR, Frédéric Borloz et Laurent Wehrli.
Le PLR se profile comme le grand gagnant de l'élection au Conseil national dans le canton de Vaud. En terme de suffrages, il redevient le premier parti de la députation vaudoise à la Chambre du peuple, plus de quatre points devant l'UDC et le PS au coude-à-coude.
L'analyse détaillée des résultats montre l'ampleur du score réalisé dimanche par le PLR, seul parti à décrocher un élu de plus dans le canton de Vaud. Le parti (cinq sièges) obtient 26,83% des suffrages ( 4,83 points). Il progresse davantage que les roses il y a quatre ans, qui avaient glané deux sièges supplémentaires.
«Entente» vaudoise enterrée
Le PLR est parti seul dans la campagne, sans aucun apparentement. Il a refusé de s'allier à l'UDC, sonnant le glas de la bonne vieille «Entente» vaudoise. Cette alliance se rediscutera pour les élections cantonales de 2017, mais pour l'heure le choix semble avoir payé. «Un apparentement avec l'UDC ne nous aurait pas apporté un sixième siège», constate le président Frédéric Borloz, élu au National.
Le parti a réussi à récupérer des voix «dans ce grand électorat flottant» qui avait voté il y a quatre ans pour les partis du centre ou de centre-gauche, observe le géographe et socialiste yverdonnois Pierre Dessemontet. Avec cinq élus de la tendance radicale, «des gens ancrés dans le territoire, au profil rassurant», le PLR a opté pour une «stratégie d'apaisement», qui s'est avérée gagnante.
Pas un parti à slogans
Le président du PLR ne dit pas autre chose: «Ce succès est le résultat de notre travail dans les communes, au Grand Conseil et à Berne. Nous ne sommes pas un parti à slogans, ou qui veut faire peur aux gens, comme l'UDC avec l'immigration ou le PS avec le démantèlement social. Cela paie sur le long terme», estime-t-il.
Ce premier résultat donne des ailes au parti pour reconquérir la majorité au Conseil d'Etat vaudois en 2017. Mais rien n'est encore fait: le résultat de dimanche doit aussi se lire comme un correctif, car le PLR était sous-représenté au National par rapport à sa base électorale, tempère M. Borloz.
Stagnation pour l'UDC
L'UDC (4 sièges) obtient 22,56% des suffrages, en léger effritement (-0,38 point). Il limite les dégâts après les querelles internes de l'été, mais paie tout de même la facture si on compare son résultat aux scores obtenus dans d'autres cantons. Sa présidente Fabienne Despot, qui avait enregistré à leur insu les propos de membres du parti, en a fait les frais. Claude-Alain Voiblet obtient un résultat très moyen.
Les coups de crayon entre candidats étaient attendus: «Cela n'a pas autant crayonné que ce qu'on aurait pu imaginer», observe Pierre Dessemontet. L'UDC espérait faire passer deux élus urbains: au final un seul a passé la rampe, - Michaël Buffat - et de justesse. «Si l'UDC veut reprendre un siège au Conseil d'Etat, il faudra un profil agrarien», estime le géographe.
Trois points de moins pour le PS
Le recul du PS (5 sièges, un de moins qu'en 2011) est plus marqué que prévu, même si Géraldine Savary a obtenu un bon score au premier tour de l'élection au Conseil des Etats. Le parti décroche 22,21% des suffrages, en recul de près de trois points (-2,95%).
Le parti a tiré profit de l'apparentement avec les Verts, POP-Solidarités et le Parti pirate, qui a obtenu 1,22% des voix. Sans ces appuis, «il aurait pu perdre deux sièges», selon Pierre Dessemontet.
En 2011, le PS avait obtenu un score élevé, difficile à tenir sur la durée. Peut-être qu'une certaine «usure du pouvoir» se dessine aussi. Les positions de compromis que le Conseil d'Etat à majorité de gauche défend, comme sur la réforme des entreprises RIE III, profitent davantage aux libéraux-radicaux qu'aux socialistes. «C'est plus dans l'ADN du PLR que dans celui du PS», note le géographe.
Compte tenu de leurs piètres résultats au niveau suisse, les Verts vaudois se maintiennent bien avec 11,25% des suffrages (-0,32%). «Ils ont plutôt collaboré à l'obtention du 5e mandat socialiste que l'inverse», observe M. Dessemontet. L'apparentement a aussi joué un rôle-clé pour les partis du centre: «Sans lui, le PDC et les Vert'libéraux n'auraient pas sauvé leur siège».