StupsVaud: jeune maman, la pseudo-baronne de la drogue est libre
Près de cinq mois après son incarcération pour avoir fait la mule à une seule reprise, Maria* a recouvré la liberté ce lundi. Sous conditions.
- par
- Evelyne Emeri

Accusée d'avoir fait la mule entre Zurich et Lausanne, Maria* peut quitter la prison de Lonay (VD) ce lundi 11 mai au bénéfice de mesures de substitution à la détention.
Depuis le 15 décembre dernier, son avocat se bat pour que Maria*, ressortissante espagnole de 25 ans, sorte de détention préventive avec son poupon né le 1er avril. Prévenue d'infraction grave et contravention à la loi sur les stupéfiants, la jeune femme n'a jamais nié avoir transporté entre 150 et 200 gr. de cocaïne pure (quelque 300 gr. bruts) entre Zurich et Lausanne. Serveuse à Lausanne, elle a perdu son travail et dit avoir cédé à la tentation de l'argent facile sur l'insistance d'une connaissance, un trafiquant récidiviste et coprévenu. Ce qu'elle conteste formellement en revanche, c'est de faire partie d'un vaste réseau de trafic de drogue.
Entre deux contractions
Pourtant, depuis le 23 mars, les fins limiers de la Brigade des stups ont rendu leur rapport final au Ministère public. Ce document indique bien que l'accusée ne peut être reliée à aucun autre cas de trafic et qu'il est donc exact qu'elle n'aurait fait la mule qu'à une seule reprise. Alors qu'elle était sur le point de donner naissance à son bébé fin mars, le défenseur de Maria*, Me Fabien Mingard, avait déjà tout tenté pour obtenir la présence du père à l'accouchement au CHUV. Le Parquet avait refusé, le Tribunal cantonal (TC) avait suivi et le Tribunal fédéral avait confirmé. Tous mettaient en avant le risque de collusion. Autrement dit: que les futurs parents ne profitent de comploter en salle d'accouchement, entre deux contractions...
Choqué par cet «acharnement»
Or, le père de la petite n'a été entendu que comme personne appelée à donner des renseignements (PADR), jamais comme prévenu. Choqué par cet «acharnement» – la détenue ne pouvait pas non plus recevoir de visites du futur papa ou ses appels en prison –, Me Mingard a demandé le 6 avril la mise en liberté de Maria, conditionnée à des mesures de substitution: dépôt de ses documents d'identité, assignation à résidence chez le père de l'enfant à Yverdon et présentation régulière à une autorité administrative. Là encore, la procureure Carole Deletra et le Tribunal des mesures de contrainte (TMC) ont rejeté la requête de concert.
Le Parquet débouté
L'homme de robe a fait appel de ce nouveau refus. La Chambre des recours pénale a tranché et débouté le Ministère public et le TMC. Daté du 1er mai, l'arrêt est exécutoire. Et ordonne que la détention provisoire soit levée dès la mise en œuvre des mesures de substitution, précisant bien que le Parquet est chargé de s'exécuter sans retard. L'avocat de Maria a encore dû batailler pour décrocher l'ordre de relaxation pour ce lundi 11 mai. La maman va pouvoir quitter sa cellule de Lonay (VD) avec sa petite fille et rejoindre le domicile de son concubin où elle vivait déjà avant son incarcération. Cela ne l'empêchera pas de devoir répondre de ses actes pénalement répréhensibles.
Evelyne Emerievelyne.emeri@lematin.ch
*Prénom d'emprunt