BerneVelafrica recycle des vélos pour l'Afrique
Près de 200'000 vélos usagés ont ont été collectés en Suisse par Velafrica, remis en état puis exporté vers Afrique. L'impact de cette organisation caritative ne cesse de croître.
- par
- Anne-Charlotte Müller
Les vélos recyclés améliorent l'accès à la formation et aux soins de santé de leurs nouveaux propriétaires en Afrique.
Dans le hangar spacieux de Velafrica, à Liebefeld, près de Berne, une dizaine de personnes travaillent à la réparation de vielles bicyclettes. Dans un coin, des carcasses inutilisables sont entreposées dans des containers, de l'autre, des milliers de vélos attendent d'être recyclés. Le tas ne se désemplit jamais car Velafrica connait en succès fou. Depuis 1993, l'organisation caritative collecte des vélos usagés en Suisse et les remet en état pour les expédier en Afrique. En 2017, plus de 24'000 vélos ont été acheminés par bateau vers l'Afrique, soit 48 fois plus qu'en 1993. «Nous espérons atteindre le million en 2030», lance Michel Ducommun, co-directeur de Velafrica et responsable Afrique.
Envoyés en Gambie, au Ghana, en Tanzanie, à Madagascar, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, ces vélos servent à améliorer l'accès à la formation et aux soins de santé de leurs nouveaux propriétaires, tout en leur ouvrant de nouvelles opportunités économiques. «À vélo, ils peuvent se déplacer quatre fois plus vite qu'à pied et transporter trois fois plus de poids. Ils gagnent ainsi du temps et ménagent leurs forces», explique Eva Mangl, coordinatrice de la section Suisse romande et des bénévoles chez Velafrica.
Velafrica forme des mécaniciens vélo en Afrique
Outre d'élargir l'accès à la mobilité pour un plus grand nombre, Velafrica ouvre sur place des ateliers de réparation de vélos, où des hommes et des femmes sont formés. En 2017, par exemple, plus de 60 jeunes ont pu terminer une formation en vélo mécanique. «Le but c'est qu'en trois ou quatre ans ces structures puissent s'autofinancer», explique Michel Ducommun.
Avant d'être expédiés sur l'autre continent, les vélos sont d'abord remis en état et préparés pour le transport dans un trentaine d'ateliers d'intégration en Suisse. Mahmud, 34 ans, travaille dans celui de Liebefeld depuis un an et deux mois, quelques mois après son arrivée en Suisse. En Syrie, il travaillait déjà comme mécanicien auto. «Il n'a pas été difficile pour moi d'apprendre le mécanique vélo, explique Mahmud en allemand. Le plus dur, par contre, c'est de devoir attendre longtemps avant de pouvoir travailler et gagner ma vie. Je dois suivre un apprentissage en quatre ans pour obtenir un diplôme.»
Des binômes pour pratiquer la langue
A Liebefeld, des réfugiés travaillent en binômes avec des bénévoles germanophones qui ont pour mission de leur faire pratiquer la langue. «Je leur parle en allemand et eux m'apportent beaucoup en savoir-faire, car certains sont là depuis plusieurs mois», raconte Martin Guyot. Le Neuchâtelois de 46 ans est bénévole dans l'atelier un jour par semaine. «J'avais du temps à donner car j'ai dû arrêter momentanément de travailler. Cet atelier me permet de remettre le pied à l'étrier car j'ai un projet qui devrait bientôt se mettre en place. Mais en attendant je suis très heureux ici et ne suis pas prêt d'arrêter.»
Les réfugiés sont originaires de Syrie, d'Érythrée, d'Afghanistan, de Palestine ou d'Iran et semblent bien s'entendre. «Ici l'ambiance est bonne car tout le monde vient avec une grande motivation. Il faut réaliser que ces personnes ont enfin l'opportunité depuis des mois de faire quelque chose de concret qui leur permet d'oublier un peu leur situation», relate Vincent Suter, 24 ans, civiliste à Velafrica depuis avril et co-responsable de l'atelier. «Ma plus grande frustration c'est de connaître leur histoire de vie sans pouvoir faire grand chose pour les aider», ajoute-t-il.
Les points de collecte en Suisse
Velafrica collecte les bicyclettes dans 400 points de collectepermanents à travers la Suisse. Certains magasins procède à des récoltes ponctuelles comme Jumbo qui mène actuellement une action jusqu'au 25 août. En échange d'un vieux vélo, la firme offre 20 % de réduction sur l'achat d'un vélo neuf.