FranceVers un changement de nom du Front national?
Au lendemain de la suspension de Jean-Marie Le Pen du FN, la séparation entre le «menhir» et sa fille semble définitive. Certains experts pensent que le parti pourrait changer de nom.

Jean-Marie Le Pen a été suspendu su Front National lundi.
Dans le conflit qui oppose père et fille au sein du Front national, les armes de Jean-Marie Le Pen semblent émoussées, estiment des experts. Certains tablent à l'avenir sur un changement de nom du parti. La classe politique, elle, se gausse de ce psychodrame familial.
Son «pouvoir de nuisance est limité», souligne Sylvain Crépon, spécialiste du FN, à propos de Jean-Marie Le Pen. Il y a «de l'affection» pour le chef historique chez les militants mais même les «gens très attachés à lui depuis longtemps considèrent qu'il exagère», poursuit-il.
Après ses récentes déclarations, notamment sur les chambres à gaz, 74% des sympathisants du FN jugeaient que la présence médiatique du patriarche était devenue plutôt un handicap pour le parti. Quant aux cadres du FN, ils soutiennent sa fille car, avec elle, ils espèrent des succès électoraux et «une rétribution politique», résume l'expert.
Depuis 2011, la patronne du FN a engrangé les succès, notamment avec l'élection de deux députés, deux sénateurs, une première place aux européennes et onze villes gagnées lors d'un scrutin municipal.
Le «menhir» (surnom lié aux origines bretonnes de Jean-Marie Le Pen) «risque de s'isoler complètement et de finir avec l'image du vieux qui radote», ajoute encore le chercheur.
Nouveau nom
Pour le politologue Joël Gombin, autre spécialiste de l'extrême droite en France, lors de la future assemblée générale extraordinaire du FN, «il n'est pas impossible que Marine Le Pen saisisse l'occasion pour faire passer d'autres choses, y compris un changement de nom du parti».
Si tel est le cas, Jean-Marie Le Pen «pourrait rester à la tête d'un FN canal historique» et monter une liste dissidente lors de prochaines échéances électorales, ajoute l'analyste Jean-Yves Camus.
Mardi, la classe politique française se gaussait de cette guerre politico-familiale. «Le Front est moins national que familial», ironisait l'eurodéputé de l'UMP Brice Hortefeux. «Il y a des enjeux, ce sont ceux de la France, ça ne peut pas être ceux d'une famille», a jugé le porte-parole du gouvernement socialiste Stéphane Le Foll.