Jura bernoisVilla saccagée par des locataires
Sur la base de faux documents, une maison a été louée par une famille bénéficiaire des œuvres sociales. Avant de partir sans payer, ils se sont défoulés.

- par
- Vincent Donzé
La location d’une maison familiale à Corgémont a viré au cauchemar pour son propriétaire. Pendant 18 mois, un couple bénéficiaire de l’aide sociale a tout saccagé avant de s’en aller avec des loyers impayés, comme l’a rapporté «Le Journal du Jura». Entre les portes brisées et les stores arrachés: les dégâts sont évalués au bas mot à 100 000 francs.
Trois reproches sont adressés aux locataires: ils ont saccagé la villa, traumatisé le voisinage et terrorisé leurs enfants. Ce qui touche le plus Jack Michel Vecchi, c’est le sort des trois enfants qui ne sont pas scolarisés. Selon le voisinage, il y a eu maltraitance. Ont-ils été enfermés dans un cagibi sans lumière?
Hurlements incessants
Les voisins ont témoigné d’un fracas «souvent assourdissant», mais aussi de hurlements incessants attribués aux adultes comme aux enfants, la famille vivant surtout la nuit. Selon un témoignage, «les cris étaient parfois bestiaux, monstrueux, comme si quelqu’un était enfermé».
Dès leur arrivée, les assistés sociaux ont inquiété le voisinage: «Ils ont emménagé de nuit, en balançant leurs meubles depuis le camion», a indiqué une voisine au «Journal du Jura». «Ils se sont barricadés», se souvient un autre témoin.
Villa de neuf pièces
Comment un couple d’assistés sociaux a-t-il pu louer une villa de neuf pièces à 2650 francs sans les charges? Dans la région, le loyer n’est plus versé directement aux propriétaires, mais aux locataires: à eux de se présenter sur le marché immobilier: «Bonne présentation, bon langage, faux documents», a écrit dans un post Facebook le propriétaire lésé à Corgémont.
Dans «Le Journal du Jura», les Services sociaux soulignent que leur mission «ne consiste pas à surveiller les gens», mais que leur objectif est d’aider financièrement ceux qui se trouvent dans la précarité: «Nous ne sommes pas chargés de mener des enquêtes en cas de suspicion d’abus», a indiqué le Service d’action sociale de Courtelary, actif à Corgémont dans un dossier où le prix de la location est jugé «hors normes».
Favorable à personne
Le propriétaire de la villa a mené une enquête de voisinage. Il a alerté la police, la mairie et la préfecture, sans obtenir le soutien espéré, «pas même un peu d’empathie», dit-il. Pour le maire Denis Bessire, ce dossier «qui n’est favorable à personne» est d’ordre privé, entre un propriétaire et un locataire. La réaction est venue des Autorités de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA).
La villa est encombrée de déchets et une procédure d’expulsion a été lancée. L’homme s’est établi à Bienne, la femme se trouverait du côté de Fribourg tandis que les enfants sont placés en institution. À Corgémont, le propriétaire souhaite récupérer son bien, «fruit d’une vie» comme il dit, mais il n’est à ce stade pas autorisé à entrer dans sa villa pour la nettoyer et réparer les dégâts.