Course au Conseil fédéral: Viola Amherd répond à des accusations d'escroquerie

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Course au Conseil fédéralViola Amherd répond à des accusations d'escroquerie

La candidate à la succession de Doris Leuthard aurait voulu escroquer deux jeunes notaires valaisans il y a 5 ans. Elle dément et explique l'affaire.

par
Christine Talos
Viola Amherd devant la presse jeudi dernier.

Viola Amherd devant la presse jeudi dernier.

Keystone

Viola Amherd refait parler d'elle ce jeudi, non pas pour sa candidature à la succession de Doris Leuthard, mais pour une nouvelle «casserole» valaisanne. On se souvient que le Walliser Bote avait dévoilé en octobre qu'elle avait été condamnée pour avoir encaissé pendant plus de 8 ans des loyers trop élevés de la part d'Alpiq Intec. Elle avait dû rembourser 250'000 francs. Aujourd'hui elle défraie la chronique pour une affaire bien plus grave: elle aurait tenté d'escroquer deux jeunes notaires, explique le Tages-Anzeiger.

Le journal rappelle que c'est la Weltwoche qui avait évoqué cette affaire en octobre dernier. Mais, hospitalisée, elle n'avait pas pu s'expliquer alors. Que s'est-il passé? En 2013, le canton du Valais achète le couvent de Ste-Ursule à Brigue pour 22 millions de francs. Et confie la gestion notariale de la transaction à la politicienne PDC. L'affaire est très lucrative et lui rapporte la somme de 34'000 francs.

Vieille tradition

Mais en Valais, une vieille tradition non écrite veut qu'un notaire en charge d'un tel gros mandat n'en soit pas le seul bénéficiaire. Il doit partager ses honoraires avec des confrères nouveaux dans la profession, même si ceux-ci ne participent pas à la transaction. Une sorte de capital de départ dont Viola Amherd a elle-même profité à ses débuts, précise le Tagi.

D'ailleurs, en acceptant le mandat, Viola Amherd assure au gouvernement qu'elle respectera la tradition. Elle propose d'elle-même en janvier 2013 que deux jeunes notaires du Haut-Valais reçoivent chacun 25% des honoraires, soit 8500 francs par personne. La proposition est acceptée par le conseiller d'Etat Claude Roch, alors en charge du dossier.

Hic: la politicienne ne paie pas un centime pendant plusieurs mois. Au point que les deux bénéficiaires commencent à faire pression sur le Conseil d'Etat. Le département repris alors par Oskar Freysinger, écrit alors à Viola Amherd et lui déclare dans un premier avertissement qu'en ne payant pas les deux notaires, elle violait le contrat d'achat. Elle reçoit même un 2e rappel. La Haut-Valaisanne finit par payer les deux notaires 10 mois après la transaction.

La candidate PDC au Conseil fédéral aurait-elle tenté de garder l'argent pour elle? Espérait-elle que les jeunes notaires ne soient pas informés des honoraires qu'ils devaient recevoir? «Les choses sont compliquées voire kafkaiennes», souligne le Tages-Anzeiger.

Circulaire cantonale controversée

En effet, Viola Amherd explique qu'elle n'a jamais eu l'intention de ne pas payer les deux jeunes notaires. Mais il y avait alors un problème juridique, confie-t-elle. Car en avril 2013, soit un mois après le règlement du paiement des 22 millions de francs, le Valais a envoyé aux notaires du canton une circulaire au sujet de la situation juridique de ce partage d'honoraires. Selon cette directive, de nombreux notaires répartissaient cet argent de manière illégale. «Et le partage des honoraires n'était pas légal, selon cette circulaire», explique-t-elle.

Dans les mois qui suivent, Viola Amherd affirme avoir eu de nombreux échanges de courriers avec le canton pour clarifier la situation sur le cas de la vente du couvent de Ste-Ursule. Elle obtient enfin une réponse en novembre 2013 lui indiquant que le partage est illégal, affirme-t-elle sans dévoiler les courriers qui doivent rester confidentiels. En revanche, elle ne se souvient plus vraiment si les deux jeunes notaires avaient été informés de la situation.

Pour rappel, Viola Amherd, 56 ans, a défendu sa candidature à la succession de Doris Leuthard jeudi dernier devant la presse jeudi à Brigue. Elle s'était définie comme une «bâtisseuse de ponts», disposant du bagage nécessaire pour accéder au Conseil fédéral. Trois autres politiciens sont candidats eux aussi: la conseillère nationale bâloise Elisabeth Schneider-Schneiter, la conseillère d'Etat uranaise Heidi Z'graggen et le conseiller aux Etats zougois Peter Hegglin. Le groupe parlementaire décidera ce vendredi du nombre de candidats qu'il proposera à l'Assemblée fédérale le 5 décembre.

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