(R)évolution: Voici les banquiers à col ouvert

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(R)évolutionVoici les banquiers à col ouvert

Le «dress code» des employés aux guichets s'est assoupli, hier, dans un établissement régional du Jura bernois. Les clients sans costard applaudissent.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Les employés et dirigeants de la Caisse d'Épargne de Courtelary ont tombé leur cravate. De g. à dr.: Cédric Michel, Jordan Leblois, Christian Fauchère et Rémy Defilippis.

Les employés et dirigeants de la Caisse d'Épargne de Courtelary ont tombé leur cravate. De g. à dr.: Cédric Michel, Jordan Leblois, Christian Fauchère et Rémy Defilippis.

Jean-Guy Python

Plus de cravate ni de foulard aux guichets, c'est la (r)évolution bancaire introduite hier à la Caisse d'Épargne de Courtelary (BE). L'accessoire masculin à la couleur de l'établissement a été accroché symboliquement au sapin de Noël. «Avant de rencontrer un client, je boutonne ma chemise jusqu'en haut et rabats ses manchettes», précise le directeur, Rémy Defilippis.

«Je les félicite. Ils seront plus à l'aise!» s'exclame une cliente retraitée. «Un banquier sans cravate? Le ministre français Jack Lang n'en portait pas non plus», dit une autre cliente franco-suisse. Preuve est faite – aux yeux de Rémy Defilippis – que dans une région rurale et ouvrière, la proximité avec la clientèle s'améliore quand la hiérarchie s'allège. «Nos clients portent rarement la cravate…» remarque le banquier.

Pas de chemise hawaïenne

Les 12 000 clients des cinq succursales ne tenaient pas à l'uniforme, et les 35 employés encore moins. Le déclic s'est produit lorsque le directeur a entendu par hasard la conseillère en image Sandra Pérez Chitra disserter sur Radio Jura bernois. La décision était prise: au panier, les accessoires bleu ciel qui rendaient pourtant les employés identifiables!

Rémy Defilippis a carrément retourné sa veste, lui qui corsetait ses employés dans des costumes formatés, chemise brodée et cravate ou foulard aussi bleus qu'ils sont rouges à UBS. Mais chasser l'austérité n'ouvre pas la porte à toutes les fantaisies. «On ne portera pas de chemise hawaïenne et personne ne sera en short», assure le directeur. À Courtelary, on veut être «casual chic».

Les employés ont banni d'eux-mêmes le jeans. Hier, Rémy Defilippis n'est pas tombé de sa chaise devant la tenue de ses employés. Une blouse à fleurs «à la limite» a certes suscité une interrogation, mais aucune correction. «Tout avait été testé sur photos pour éviter toute fausse note», confie le directeur. L'abandon du costume féminin l'inquiète plus que le masculin. «La mode féminine est plus fantaisiste», remarque-t-il. Les grandes banques sont plus conservatrices. «Le principe de base est d'avoir une tenue correcte, choisie selon le contexte, avec bon sens et dans le respect du client, indique Jean-Raphaël Fontannaz, responsable de la communication chez UBS. Porter un costume-cravate lors d'un rendez-vous professionnel, c'est un usage qui correspond à l'attente de la clientèle.»

Une question de bon sens

Apparence soignée, vêtements élégants, comportement correct: tels sont les consignes. En clair: un costume noir anthracite, noir ou bleu foncé, une chemise ou un chemisier blanc et des chaussures noires.

Au Credit Suisse, le port de la cravate au contact d'un client est un «standard convenu», selon la formulation de son porte-parole, Jean-Paul Darbellay. À défaut de «code vestimentaire», un règlement de travail exige une tenue «décente et adaptée aux attentes des clients». En cas de problème, la responsabilité incombe au supérieur hiérarchique. Les Banques Migros et Coop s'en remettent, quant à elles, au bon sens de leurs collaborateurs.

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