Pays-Bas: Vol MH17: un procès pour les victimes du crash

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Pays-BasVol MH17: un procès pour les victimes du crash

Quatre personnes, suspectées d'être responsables du crash du Boeing de Malaysian Airlines vont être jugées aux Pays-Bas.

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Un suspect ukrainien dans l'explosion du vol MH17 est retourné en Ukraine. Les Pays-Bas ont immédiatement demandé à la Russie l'extradition de cet homme soupçonné par les enquêteurs néerlandais d'avoir été impliqué dans le crash de l'avion. (2 décembre 2019)

Un suspect ukrainien dans l'explosion du vol MH17 est retourné en Ukraine. Les Pays-Bas ont immédiatement demandé à la Russie l'extradition de cet homme soupçonné par les enquêteurs néerlandais d'avoir été impliqué dans le crash de l'avion. (2 décembre 2019)

archive/photo d'illustration, AFP
Les dirigeants des 28 ont joint leurs voix jeudi à la pression internationale sur la Russie en l'exhortant à «coopérer pleinement» à l'enquête sur le crash du MH17. (Jeudi 21 juin 2019)

Les dirigeants des 28 ont joint leurs voix jeudi à la pression internationale sur la Russie en l'exhortant à «coopérer pleinement» à l'enquête sur le crash du MH17. (Jeudi 21 juin 2019)

AFP
L'équipe internationale d'investigation conjointe (Joint Investigation Team, JIT), conduite par les Pays-Bas et composée d'enquêteurs d'Australie, de Belgique, de Malaisie, des Pays-Bas et d'Ukraine, a dévoilé les «derniers développements de l'enquête» sur le crash. (Mercredi 19 juin 2019)

L'équipe internationale d'investigation conjointe (Joint Investigation Team, JIT), conduite par les Pays-Bas et composée d'enquêteurs d'Australie, de Belgique, de Malaisie, des Pays-Bas et d'Ukraine, a dévoilé les «derniers développements de l'enquête» sur le crash. (Mercredi 19 juin 2019)

Le procès de quatre personnes suspectées d'avoir causé le crash du Boeing de Malaysian Airlines (vol MH17) au-dessus de l'Ukraine en 2014 s'ouvre la semaine prochaine aux Pays-Bas, donnant enfin l'espoir aux proches des victimes d'obtenir justice malgré un banc des accusés vide.

Depuis plus de cinq ans, les familles réclament que les responsables de la catastrophe soient identifiés et jugés, une tâche de longue haleine confiée à une équipe internationale d'enquêteurs dirigée par les Pays-Bas.

Le Boeing 777 parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur le 17 juillet 2014 avait été touché en plein vol par un missile BUK de conception soviétique au-dessus de la zone de conflit armé avec les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine. Les 298 personnes à bord, parmi lesquelles 196 ressortissants néerlandais, avaient perdu la vie.

Poursuivis pour meurtre

Les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko, quatre hauts gradés des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, sont les premiers à être traduits en justice dans cette affaire.

Poursuivis pour meurtre, ils sont accusés d'avoir convoyé le système de missile anti-aérien BUK, avant qu'il ne soit tiré par d'autres personnes encore non identifiées.

Il est très peu probable que les quatre hommes assistent au procès, la Russie et l'Ukraine n'extradant pas leurs ressortissants poursuivis à l'étranger, mais un jugement par contumace représente déjà un symbole fort pour les familles.

«Il s'agit d'un moment très important pour les proches», affirme Piet Ploeg. Ce président d'une association de victimes néerlandaise a perdu son frère, sa belle-soeur et son neveu dans la catastrophe.

«Nous saurons ce qui s'est passé, pourquoi cela s'est produit, quel était le rôle de l'Etat russe. J'espère, je suis convaincu que nous obtiendrons toutes les réponses que nous n'avons pas obtenues depuis cinq ans et demi», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Une sorte de clôture»

Le procès, qui devrait durer plus d'un an, se tiendra au tribunal de Schiphol, dans la banlieue d'Amsterdam, à quelques encablures de l'aéroport d'où le Boeing avait décollé.

«Pour les victimes, il y aura au moins une décision et la possibilité d'une sorte de clôture» du deuil à l'issue du procès, estime Marieke de Hoon, professeure assistante de droit international à l'Université libre d'Amsterdam.

Les enquêteurs internationaux ont établi que l'avion avait été abattu par un missile BUK de conception soviétique, provenant de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk, dans le sud-ouest de la Russie.

A la suite de ces révélations, les Pays-Bas et l'Australie, dont 38 ressortissants ont péri dans le drame, ont, en mai 2018, ouvertement imputé à la Russie la mort de leurs concitoyens.

L'annonce du procès des quatre hommes par le parquet néerlandais en juin 2019 était un message clair à Moscou, qui a toujours nié avec véhémence toute implication dans le crash et a rejeté la faute sur Kiev.

«Nous avons toujours mis en doute l'objectivité du travail de l'équipe d'enquête, car nous avons été privés de la possibilité d'y participer», a réagi mercredi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, se refusant de «prédire les décisions de la justice».

«D'autres procès»

Les premières audiences, de lundi à vendredi, devraient principalement se concentrer sur des questions administratives plutôt que sur la présentation de témoignages et de preuves, selon Mme De Hoon.

La question essentielle de la présence ou non des suspects sera toutefois abordée. Un complexe réservé à la presse a été spécialement construit à l'extérieur du tribunal pour accueillir plus de 400 journalistes du monde entier.

Le plus connu des quatre accusés, Igor Guirkine, surnommé «Strelkov» («Tireur»), était l'un des principaux commandants des séparatistes du début du conflit avec l'armée ukrainienne il y a cinq ans, et probablement leur représentant le plus médiatique à l'époque. Il dément toute implication des séparatistes ukrainiens prorusses dans la tragédie.

Les enquêteurs chargés de faire la lumière sur l'explosion de l'avion du vol MH17 tentent toujours d'identifier les personnes ayant déclenché le lancement du missile sol-air BUK, n'excluant pas la poursuite d'autres suspects dans le futur.

Ils ont notamment dévoilé à la mi-novembre le contenu de conversations téléphoniques révélant des «liens étroits» entre les suspects et de hauts responsables russes, parmi lesquels Vladislav Sourkov, un influent conseiller du président russe, Vladimir Poutine, et le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

(AFP)

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