Automobile: Volkswagen plombe le secteur auto en Bourse

Publié

AutomobileVolkswagen plombe le secteur auto en Bourse

Le groupe essaie de restaurer sa crédibilité outre-Atlantique. Il a ainsi annoncé l'arrêt de la commercialisation de certains de ses modèles diesel aux Etats-Unis.

Les dégâts d'image pour Volkswagen aux Etats-Unis sont déjà considérables.

Les dégâts d'image pour Volkswagen aux Etats-Unis sont déjà considérables.

Keystone

Le géant allemand de l'automobile Volkswagen a indiqué lundi qu'il cessait jusqu'à nouvel ordre de commercialiser les modèles diesel quatre cylindres de ses marques VW et Audi aux Etats-Unis, après la révélation d'une tricherie aux normes anti-pollution sur ce marché.

Un porte-parole a confirmé les informations de presse en ce sens. Les modèles représentaient 23% du total des ventes de la marque Volkswagen en août aux Etats-Unis. De janvier à août, cette marque a vendu près de 240'000 voitures sur le marché américain.

Massacre en bourse

L'action de Volkswagen a dévissé à la Bourse de Francfort. Le titre a dégringolé de 13% à l'ouverture après les accusations de tromperie visant le groupe automobile allemand aux Etats-Unis. La chute a également touché ses principaux concurrents.

L'action Volkswagen a perdu plus de 20% plombant l'indice Dax des trente valeurs vedettes et atteignant la plus forte baisse de son histoire. Daimler et BMW ont cédé 3,3%. Même chose à Paris où Renault et Peugeot perdaient entre 3 et 5%. A Milan l'action Fiat Chrysler lâchait plus de 1% à la mi-journée.

Daimler, maison mère de Mercedes-Benz, et BMW ont dit ne pas être concernés par les accusations contre leur concurrent. Leurs actions ont cédé plus de 3%. «Nous avons appris dans la presse les accusations portées contre VW. Le problème évoqué dans la presse ne concerne pas Mercedes-Benz Cars», a déclaré Daimler dans un communiqué, en ajoutant ne pas avoir connaissance d'une enquête visant sa filiale américaine.

BMW de son côté a dit ne pas avoir été contacté par les autorités américaines au sujet d'éventuelles violations de la réglementation sur le contrôle des émissions.

Berlin tape du poing

Peine perdue: le gouvernement allemand a réclamé aux constructeurs automobiles des informations lui permettant de vérifier s'il y a eu en Allemagne des tricheries sur les normes anti-pollution des voitures, telles que celles admises par Volkswagen aux Etats-Unis.

«Nous attendons des constructeurs automobiles des informations fiables, afin que la KBA, l'autorité compétente, puisse vérifier si des manipulations comparables ont aussi eu lieu en Allemagne ou en Europe», a déclaré, lors d'un point presse régulier du gouvernement, Andreas Kübler, porte-parole du ministère de l'Environnement, estimant que pour l'heure, il n'y avait pas d'«indication» allant dans cette direction.

Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel; Steffen Seibert, a lui refusé de commenter ce scandale qui ébranle l'un des groupes phare du pays, affirmant toutefois que Mme Merkel suivait attentivement le dossier. Elle n'était pas au courant avant que l'affaire n'éclate vendredi aux Etats-Unis, selon lui.

«On se demande à présent si la manipulation n'a pas eu lieu non seulement aux Etats-Unis mais aussi sur d'autres marchés comme l'Europe», souligne Stefan Bratzel, directeur du centre de recherche sur l'automobile CAM en Allemagne.

Enquête externe

Volkswagen a ordonné l'ouverture d'une enquête externe à la suite d'accusations portées par les autorités américaines chargées de la protection de l'environnement, a déclaré son patron. Il se dit «sincèrement navré» de cet incident.

Les Etats-Unis et l'Etat de Californie ont accusé, vendredi, le constructeur automobile allemand d'avoir délibérément contourné les règles en vigueur en matière de lutte contre la pollution atmosphérique. Ils l'ont menacé d'amendes susceptibles d'atteindre 18 milliards de dollars (17,43 milliards de francs).

L'Agence fédérale de protection de l'environnement (EPA) affirme que le groupe allemand a équipé ses modèles diesel Volkswagen et Audi des années 2009 à 2015 d'un logiciel. Celui-ci permet de contourner les tests d'émission de certains polluants atmosphériques.

Le dispositif incriminé permettait aux véhicules en question de cacher qu'ils émettaient jusqu'à 40 fois plus d'émissions que le seuil autorisé pour préserver la santé publique. L'enquête concerne 500'000 voitures. Les amendes encourues pourraient atteindre 37'500 dollars par véhicule.

Le constructeur va devenir «un paria pour le gouvernement et peut-être aussi pour les consommateurs américains», juge Max Waburton, analyste de Bernstein cité par l'agence Bloomberg.

(ats)

Ton opinion