Constructeur automobileVolkswagen veut rassurer ses actionnaires
Le constructeur allemand défend son bilan devant ses actionnaires après le bras de fer à son sommet qui a conduit au départ du patriarche, Ferdinand Piëch.

Le plus grand constructeur automobile européen a défendu ce mardi 5 mai son bilan devant près de 3000 actionnaires sourcilleux sur ses performances.
A défaut de la présider comme à l'accoutumée, Ferdinand Piëch a été évoqué à de nombreuses reprises lors de l'assemblée générale annuelle du groupe, qui a rassemblé quelque 3000 actionnaires dans le centre des expositions de Hanovre.
Dès le début de son discours, le patron, Martin Winterkorn, a remercié au nom des 600'000 salariés et à titre personnel celui qui fut président du directoire puis du conseil de surveillance de Volkswagen.
«Des journées agitées»
«Ferdinand Piëch a laissé son empreinte sur l'industrie automobile de ces 50 dernières années comme personne d'autre, en tant qu'entrepreneur, en tant qu'ingénieur, en tant que visionnaire courageux», a-t-il salué sous les applaudissements nourris de l'audience.
Il a également loué le retour au calme dans le groupe après «des journées agitées». Un sentiment partagé par les actionnaires. «Je salue la fin de la lutte de pouvoir», a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Manfred Balke.
Manque de professionnalisme
Ferdinand Piëch n'a pas pour autant échappé aux critiques. Il a «agi de manière terriblement peu professionnelle» en étalant sur la place publique un différend avec M. Winterkorn dont on ignore la cause, ce qui a nui à l'entreprise, a déploré Ulrich Hocker, président de la fédération d'actionnaires DSW.
Le patriarche, grande figure du milieu des affaires allemand, a démissionné fin avril de toutes ses fonctions au sein du groupe, mettant un terme à deux semaines d'agitation intense après avoir retiré en quelques mots dans la presse sa confiance à Martin Winterkorn.
Sa manoeuvre, interprétée comme une façon de pousser vers la sortie son ancien protégé de longue date, s'est retournée contre lui. Ferdinand Piëch s'est heurté au désaveu des membres les plus influents du conseil de surveillance, parmi lesquels des représentants du personnel, de l'Etat régional de Basse-Saxe, actionnaire, et son cousin Wolfgang Porsche, représentant d'une autre branche de la famille actionnaire, héritière de l'inventeur de la Coccinelle.
Le patriarche de 78 ans conserve toutefois de l'influence sur la destinée du géant automobile européen, car il détient selon le dernier décompte 13,6% des actions ordinaires de la holding Porsche SE (distincte du constructeur Porsche). Celle-ci possède elle-même la majorité (50,7%) des voix de Volkswagen, qui compte également le Qatar parmi ses actionnaires.
Succession sur le point d'être réglée
En tant qu'actionnaire, Ferdinand Piëch aurait pu participer à l'assemblée générale, mais il n'y avait aucune trace de lui mardi matin dans l'immense salle. Le syndicaliste Berthold Huber, représentant du personnel au sein du conseil et ancien patron du syndicat IG Metall, a pris les rênes de l'organe de contrôle de manière provisoire et, à ce titre, il présidait l'assemblée générale.
Le groupe «est sur le point de régler rapidement et du mieux possible» la question de la succession à la tête du conseil de surveillance, a affirmé M. Winterkorn afin de rassurer des investisseurs avides de visibilité.
Parmi les successeurs possibles évoqués dans la presse figurent Wolfgang Porsche, cousin de Ferdinand Piëch, ainsi que Wolfgang Reitzle, ancien patron du fabricant de gaz industriels Linde.