Pourparlers: «Vraies» négociations exigées à Genève

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Pourparlers«Vraies» négociations exigées à Genève

Européens et Américains ont réclamé dimanche de «vraies» négociations sur une transition politique en Syrie, à la veille de l'ouverture des discussions.

C'est dans l'antre du Palais des Nations que les pourparlers de paix syriens se tiendront dès demain.

C'est dans l'antre du Palais des Nations que les pourparlers de paix syriens se tiendront dès demain.

Keystone

Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a affirmé samedi que la délégation de Damas à Genève rejetterait les tentatives d'inscrire le sujet de l'élection présidentielle à l'ordre du jour des discussions. Ni l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, «ni personne d'autre, quel qu'il soit, n'a le droit de discuter de la présidentielle. C'est du seul ressort du peuple syrien», a-t-il dit.

Le ministre syrien des Affaires étrangères «essaie clairement de faire dérailler le processus», a dénoncé dimanche le secrétaire d'Etat américain John Kerry à l'issue d'une rencontre avec ses homologues français, allemand, britannique, italien et de l'Union européenne à Paris.

Il a été rejoint sur ce point par le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault qui a parlé de «provocations». «Il y a urgence de mettre en oeuvre une vraie transition politique. C'est cela qui sera au coeur des négociations à Genève», a dit M. Ayrault. Selon lui, un «retour au statu quo ante» doit être exclu, «il faut que les choses changent».

Respecter la trêve

Européens et Américains ont également insisté sur le respect du cessez-le-feu et l'acheminement de l'aide humanitaire pour garantir des négociations «crédibles». John Kerry a estimé que le régime de Damas et ses alliés se trompaient s'ils pensaient «pouvoir continuer à tester les limites de la trêve» entrée en vigueur le 27 février.

Les négociations de Genève doivent aborder pour la première fois de manière concrète l'avenir de la Syrie, après un premier round qui avait échoué en janvier en raison de l'intensification des raids russes et de l'aggravation de la situation humanitaire.

Ces nouvelles négociations, même si elles s'annoncent difficiles, s'ouvrent dans une atmosphère radicalement différente. La trêve semble tenir bon, malgré des violations, et l'ONU avec ses partenaires a pu apporter de l'aide à près de 250'000 personnes vivant dans des zones assiégées.

John Kerry a appelé une nouvelle fois les alliés russe et iranien de Damas à user de leur influence pour faire respecter la trêve. Il a accusé les forces gouvernementales syriennes d'être responsables de la plus grande partie des violations du cessez-le-feu.

Les deux camps sur place

Le négociateur en chef du régime, Bachar al-Jaafari, a débarqué à Genève dimanche matin pour cette nouvelle session de près de deux semaines au Palais des Nations. Il y a rejoint son homologue de l'opposition, Mohammed Allouche, présent depuis la veille avec d'autres membres du Haut comité des négociations (HCN).

L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura a détaillé l'ordre du jour des discussions: un nouveau gouvernement incluant toutes les tendances, une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections législatives et présidentielle d'ici 18 mois.

Assad «plus fort que jamais»

Mais pour Joshua Landis, directeur des études sur le Moyen-Orient de l'Université d'Oklahoma, cet agenda «n'est pas réaliste, car Assad est plus fort que jamais et ne va pas quitter son poste».

Le HCN insiste pourtant sur la «constitution d'un corps transitoire doté de tous les pouvoirs exécutifs» et dans lequel M. Assad «n'a pas sa place». «Nous considérons que la période de transition doit débuter avec la chute ou la mort de Bachar el-Assad», a déclaré de son côté le chef rebelle salafiste Mohammed Allouche.

Le régime a aussi une autre interprétation que l'opposition sur l'autorité transitoire. Pour lui, il s'agit d'un simple remaniement ministériel avec un «gouvernement d'unité», c'est-à-dire élargi à des opposants mais toujours placé sous l'autorité de M. Assad comme le prévoit la Constitution actuelle.

Nouveaux combats

De nouveaux combats ont opposé dans la nuit de samedi à dimanche des groupes rebelles à plusieurs groupes djihadistes, dont le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. Ces combats ont fait au moins six morts.

A Mocou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dénoncé une «expansion rampante» de la Turquie en Syrie, affirmant détenir des preuves que des soldats turcs étaient présents sur le territoire syrien.

(AFP)

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