Scandale VolkswagenVW sera généreux avec les Américains
Le constructeur allemand a promis d'indemniser au mieux les clients lésés résidant aux Etats-Unis.
Volkswagen se montrera généreux avec les quelque 600'000 propriétaires de véhicules diesel aux Etats-Unis concernés par la fraude aux émissions polluantes. Telle est la promesse du responsable du fonds d'indemnisation créé par le constructeur allemand.
Le groupe de Wolfsburg n'a toutefois pas encore décidé s'il proposera de l'argent, un rachat ou un échange de la voiture ou encore une réparation du véhicule, ajoute Kenneth Feinberg. Il est cité par le journal «Frankfurter Allgemeine Zeitung» (FAZ) dans son édition dominicale.
Pas encore de feu vert
Kenneth Feinberg a par le passé dirigé les fonds d'indemnisation créés après les attentats du 11 septembre 2001, la marée noire provoquée par BP dans le golfe du Mexique et les accidents liés à des problèmes d'allumage sur des véhicules de General Motors.
Volkswagen lui a demandé en décembre de créer et de gérer un fonds d'indemnisation, après la mise à jour en septembre d'une fraude aux émissions polluantes de voitures de la firme aux Etats-Unis.
Le projet initial de Kenneth Feinberg était de rendre ce fonds opérationnel dans un délai de 60 à 90 jours. Mais ce calendrier risque de souffrir de retards, a-t-il dit à «FAZ». Près de cinq mois après les révélations sur la manipulation des tests, Volkswagen n'a toujours pas obtenu le feu vert des autorités américaines pour corriger le problème sur les véhicules en circulation.
Optimisme de mise
«Mes mains sont liées tant que VW et les autorités n'ont pas surmonté leurs désaccords», déclare Kenneth Feinberg. Ce dernier se dit néanmoins optimiste sur la réponse des automobilistes aux futures propositions de Volkswagen.
«Regardez mes dossiers précédents: 97% des victimes du 11-Septembre ont accepté mon offre. Chez GM et BP, cela a, là aussi, été supérieur à 90%. Cela doit être mon objectif pour VW», dit-il, en affirmant que le constructeur lui a laissé toute latitude pour décider du niveau de l'indemnité.
«C'est purement une transaction commerciale, avec moins d'émotion. Je le constate aux courriels que je reçois de la part de propriétaires de véhicules, qui écrivent des choses comme: 'M. Feinberg, je sais que je n'ai pas perdu un proche, je veux simplement être traité équitablement.' Ils sont tous assez raisonnables», ajoute-t-il.
Atteinte à la santé éventuelle
Kenneth Feinberg dit ne pas avoir encore décidé s'il examinera ou non les demandes d'indemnisation fondées sur une atteinte prétendue à la santé du requérant. «Je suis enclin à ne pas l'accepter et à dire à ces gens qu'ils devraient poursuivre Volkswagen en justice s'ils le souhaitent.»
Malgré le scandale, le fonds souverain de Norvège, le plus important au monde, a déclaré au journal allemand qu'il allait rester au capital de Volkswagen. «VW est une entreprise importante en Allemagne, en Europe et dans le monde», a souligné Yngve Slyngstad, le patron du fonds norvégien.
Il a toutefois critiqué l'emprise des actionnaires familiaux au capital du géant automobile allemand. «Cela ne peut pas être un rôle modèle pour l'Allemagne», a-t-il déclaré.
Le fonds, qui détient 1,2% des parts du groupe Volkswagen, met ainsi directement en cause la structure actionnariale du constructeur. Selon lui, VW accorde trop de pouvoir aux actionnaires familiaux au détriment des petits porteurs.
Pas assez écouté
La holding Porsche, contrôlée par les familles Porsche et Piëch héritières de Ferdinand Porsche, l'inventeur de la Coccinelle, est toujours l'actionnaire majoritaire de Volkswagen. Si elle ne contrôle que 31,5% des parts du constructeur, elle détient en revanche 50,73% des droits de vote.
«Je ne crois pas que la famille actionnaire va changer quelque chose à la structure», déplore M. Slyngstad. «En tant qu'actionnaire minoritaire, la famille ne nous donne pas l'impression qu'elle souhaite nous écouter», conclut-il