FootballXamax: quand une légende rencontre son mythe
Une exposition remarquable, qui s'ouvre ce vendredi au public, retrace le centenaire de Neuchâtel Xamax. Gilbert Facchinetti l'a découverte dans un tourbillon d'émotions.
- par
- Patrick Oberli
- Neuchâtel
Il était en lévitation, «le Gilbert», les yeux écarquillés, les larmes jamais loin. Jeudi, à 10 h, l'homme le plus célèbre du canton de Neuchâtel avait rendez-vous avec son destin. Pas celui à venir. Non. Celui qui dans le passé l'a mené à un sommet de notoriété. Celui que sa passion pour Neuchâtel Xamax a nourri sans relâche durant cinquante ans.
La rencontre entre la légende et son propre mythe s'est déroulée au Musée d'art et d'histoire de Neuchâtel, en ouverture d'une exposition intitulée «NE Xamax, 100 ans d'histoire et de passions». C'est là, loin des gradins, que l'ancien président a craqué.
«On a fait tout ça», lance-t-il en pointant le doigt vers les photos. Chaque visage est commenté. Son père, ses oncles toujours assis au même endroit dans l'ancienne Maladière, les batailles sur le terrain. Chaque détail le renvoie à des moments dont il est le seul à connaître les secrets. «Regardez Stielike! Il m'a serré la main pour son contrat. C'était un vrai. Il a subi 32 piqûres pour jouer le match qui nous a sacrés champions de Suisse.»
Les clés de sa maison
Plus loin, sur Gilbert Gress: «Il a quand même coupé un peu ses cheveux pour être à la télévision.» Et puis les silences devant les amis disparus. Les mots ne sont pas loin, mais ils restent prisonniers de sa gorge, trop futiles pour exprimer l'entier des sentiments. «Et dire que tout ça était sous les tables à la maison. C'est mondial!» Un peu en retrait, Jérôme Gogniat, étudiant en histoire à l'Université de Neuchâtel et commissaire scientifique de l'exposition, observe avec une fierté soulagée. Cette émotion vaut tous les examens de passage. Car pour cette exposition Gilbert Facchinetti lui a donné les clés de sa maison. Il lui a ouvert ses coffres à trésors, lui demandant simplement de «n'oublier personne».
Le Jurassien est allé sous les tables pour récupérer les reliques. Il a compulsé les 48 volumes d'archives, un à un, dans la célèbre salle où le président recevait ses joueurs pour la préparation des matches, dans sa villa de Saint-Blaise. Un lieu où les coups de gueule et les rires ne sont plus que des échos, mais qui a permis au chercheur de mesurer l'intensité de l'histoire.
Souffrance au quotidien
Pendant plus d'une heure, Gilbert a scruté son œuvre, parlant des autres, jamais de lui. Il a regardé sa vie défiler, un pin's du Xamax glorieux sur le cœur, comme un curé arbore sa croix. «C'est un moment complexe, relèvent Remo Siliprandi et Roland Walther, vieux compagnons de route et responsables des festivités du centenaire. La joie et la tristesse se cognent. Gilbert souffre au quotidien. Sa peine est immense de savoir qu'il ne peut plus donner au club ce qu'il voudrait.»
Eux aussi «pourraient pleurer devant chaque photo». Mais ils préfèrent laisser leur ami avec son histoire: «Parce que, derrière le football, ces instantanés ressortis des cartons portent aussi le poids d'une incroyable succession de drames familiaux. Et qu'ils sont, quelque part, la preuve de la fin d'une dynastie.»
«Neuchâtel Xamax, 100 ans d'histoire et de passions»
A voir jusqu'au 13 janvier 2013 au Musée d'art et d'histoire de Neuchâtel.Entrée libre. Un cycle de conférences est organisé en marge de cette exposition.
www.mahn.ch