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VOILEYann Guichard seul face à la démesure de son trimaran

Le navigateur français défendra les couleurs de la Suisse lors de la Route du Rhum, qui s'élance ce dimanche (14h) de Saint-Malo.

par
Florian Müller

Le plus grand trimaran de course du monde, roi des océans, bat pavillon suisse – celui de la Société Nautique de Genève. Ce premier constat à valeur d'étalon: le maxitrimaran «Spindrift 2» ne fait rien comme les autres.

Ce dimanche (14h), Yann Guichard s'élancera depuis Saint-Malo jusqu'à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, à travers l'océan Atlantique, sur la Route du Rhum. Ivresse des flots quand tu nous tiens, ce bon vieux capitaine Haddock n'aurait pas rêvé mieux. A bord de «Spindrift 2», Yann Guichard n'aura pourtant pas le temps de rêvasser à la douceur d'un Planteur. Un sprint de dix jours, seul aux commandes du plus gros bateau de la flotte, voilà ce qui l'attend. Et déjà les premiers soucis le réveillent en pleine nuit.

«On regarde la météo, on se tend, on se détend, rigole jaune le Français, compagnon de Dona Bertarelli à la ville et déjà Suisse d'adoption. Mon bateau n'est pas très manœuvrable, le départ et la sortie de la Manche vont donc être très compliqués. Avec le trafic des autres concurrents, les bateaux suiveurs et les cargos… Les 24 premières heures, ce n'est pas là que tu peux gagner la course, mais c'est là que tu peux la perdre.»

Yann Guichard le sait mieux que personne, son navire, contrairement à celui des autres, n'est pas conçu pour la course en solitaire, mais bel et bien pour un équipage de 14 navigants.

1 h 30 d'efforts pour virer de bord!

«Mon bateau est celui qui a le plus gros potentiel de vitesse, explique Guichard. Mais seul, je ne peux pas en exploiter les 100%. En face, il n'y a que des bateaux taillés pour le solitaire avec des marins spécialistes du solitaire. Tout dépendra des conditions.» Et le Français de développer: «Avec des conditions stables, et si je trouve la bonne voilure, là je serai très compétitif.» Mais toujours avec, en guise d'épée de Damoclès, le risque de se faire dépasser par la machine.

«A chaque fois qu'on se repose, le risque est grand. J'ai des alarmes pour me réveiller, mais si je percute un container, alors c'est fini. Il y a de l'appréhension, mais elle n'est pas inhibante. Il faut juste accepter de parfois mettre le pied sur le frein.»

Les dimensions de son bateau, du jamais-vu à un tel niveau de compétition, l'obligent à tout voir en grand. Et, surtout, à tout anticiper. «Tout est XXL sur ce bateau, exulte Guichard, entre bonheur et terreur. Pour virer de bord, ça me demande 1h30' d'effort en continu. Ma voile d'avant pèse 150 kilos à sec. Je ne peux pas me permettre d'en déchirer une car ma force ne suffit pas pour en changer.» Un seul mot d'ordre donc: humilité. Face à la machine, et face à l'océan.

Embarquez à bord du «Spindrift 2»:

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