États-UnisFord mettait de faux sièges dans les fourgons importés
Le constructeur a utilisé un stratagème élaboré pour payer moins de taxes douanières. Démasqué, il va payer 365 millions pour éviter les poursuites.

Le Ford Transit Connect, présenté ici au salon de Detroit en 2010, est un petit utilitaire. Pour payer moins de taxes douanières, le constructeur le faisait passer pour un véhicule de transport de personnes.
imago stock&peopleLe constructeur automobile américain Ford a accepté de payer 365 millions de dollars pour mettre fin à des poursuites civiles liées à des infractions à la législation sur les taxes à l’importation entre 2009 et 2013, a annoncé lundi le Ministère de la justice (DoJ).
Ford était accusé d’avoir élaboré un stratagème pour éviter de payer des taxes plus élevées sur des véhicules utilitaires Transit Connect, importés de Turquie, en les déclarant à la douane dans la catégorie des véhicules de transport de personnes, explique le DoJ dans un communiqué.
Faux sièges aussitôt démontés
Le constructeur est même allé jusqu’à installer «de faux sièges à l’arrière (des habitacles) et d’autres dispositifs temporaires pour faire passer ces fourgonnettes pour des véhicules pour passagers». Ces sièges arrière n’ont jamais eu vocation à être utilisés pour transporter des passagers, affirme le Ministère.
«Une fois passé la douane, chacun de ces véhicules était débarrassé de ces sièges arrière et rétabli dans son identité d’origine de véhicule utilitaire à deux places», explique-t-il. La transformation se faisait sans attendre, directement dans le port, selon le DoJ.
Taux de change «erronés»
Entre avril 2009 et août 2013, cette astuce a permis à Ford de payer des droits d’importation de seulement 2,5%, au lieu des 25% applicables aux véhicules utilitaires. La justice précise que près de 163'000 Transit Connect ont ainsi été importés de Turquie durant cette période.
Elle affirme également que Ford a déclaré aux douanes une valeur inférieure à la réalité en utilisant notamment un taux de change erroné ou en comptabilisant incorrectement des abattements.
Ford conteste, mais paie
«Ford est en fort désaccord avec de nombreuses affirmations du communiqué du DoJ et ne reconnaît aucune responsabilité en la matière», a réagi le groupe.
«Mais, dans l’optique de passer à autre chose dans ce litige complexe et remontant à une décennie, nous avons accepté de conclure un accord sur cette affaire une bonne fois pour toutes», a-t-il conclu.
Sur les 365 millions de dollars qu’il va payer, près de 183,5 millions représentent les droits de douane non acquittés du fait du stratagème, selon l’accord conclu entre le constructeur et le gouvernement, rendu public par le Ministère.
«Le gouvernement ne permettra pas aux entreprises d’esquiver des droits de douane en ajoutant de faux dispositifs à leurs produits pour les inscrire ensuite dans la mauvaise catégorie», a commenté Troy Miller, haut responsable du service des douanes et de la protection des frontières (CBP), cité dans le communiqué du Ministère.