Football: Servette a un paradoxe qu’il se plaît à entretenir

Publié

FootballServette a un paradoxe qu’il se plaît à entretenir

Comme souvent, les Grenat ont trouvé plus de solutions offensives face à une équipe qui les met sous pression constante. À Saint-Gall, cela aurait même pu très bien tourner.

Valentin Schnorhk
par
Valentin Schnorhk Saint-Gall

Peut-on analyser un match contre Saint-Gall comme les autres? C’est la question que doit se poser le Servette FC après son satisfaisant match nul 1-1 de dimanche. Autrement dit, doit-il en faire une référence, alors que ce résultat a été effectué face à une équipe au style unique en Super League?

Servette a mené au score au Kybunpark, et cela n’était pas immérité.

Servette a mené au score au Kybunpark, et cela n’était pas immérité.

Freshfocus

Peut-être pas. Mais en même temps, il y a dans cette prestation des éléments prometteurs, qui ne doivent pas être négligés. L’enjeu pour Servette, c’est d’être capable de les reproduire, même dans des configurations de match bien différentes.


Les trois enseignements

  • Le concret avant tout, parce que c’est ce à quoi les Grenat ont habitué durant le premier tiers de la saison: prendre un point à Saint-Gall, c’est une bonne opération comptable pour Servette. Le Kybunpark est souvent un lieu de souffrance pour des Genevois qui n’arrivent pas à en sortir la tête de l’eau. Ce n’est ainsi que la deuxième fois qu’ils n’y perdent pas depuis leur retour en Super League (après une victoire en plein Covid). Ce n’est pas anodin.

  • Il y a dans ce déplacement saint-gallois un autre point positif: les Grenat ont su exploiter différentes filières de jeu pour pouvoir se créer des occasions. Au choix: des séquences prolongées, en passant aussi bien par les côtés que par l’intérieur, ainsi que des transitions bien jouées. Cela ne permet pas encore d’assigner à Servette un style privilégié, mais il y a de quoi se rassurer après la prestation pas vraiment aboutie contre Grasshopper jeudi.

  • Servette entretient une forme de paradoxe: il peine au moins autant face à l’intensité qu’il sait en profiter. Autrement dit, une équipe comme Saint-Gall qui est capable d’imposer beaucoup de rythme saura dominer Servette, qui subit presque par nature. Mais les Genevois ont aussi cette capacité à trouver des espaces face à ces équipes-là (Lucerne est un autre exemple), beaucoup plus que face à des formations moins énergivores (comme Bâle).


Le meilleur Servettien: Steve Rouiller

Freshfocus

Incertain après un coup reçu contre Grasshopper jeudi, le défenseur central a vite rassuré son monde: il allait bien dimanche, et cela s’est vu. Il est sans doute l’axial le plus proactif de l’effectif servettien, parce qu’il aime défendre en avançant. Contre Saint-Gall, il faut avoir ce courage-là pour tenir le plus longtemps possible.

La paire qu’il forme avec Nicolas Vouilloz fonctionne au moins aussi bien que celle qui existait entre Vouilloz et Séverin, avant la blessure de ce dernier. Les trois matches que Rouiller vient de disputer montrent qu’il est encore au niveau. Et qu’à quelques mois de la fin de son contrat (en juin 2023), il a encore une carte à jouer à Servette.


Le Servettien qui trouve ses marques: Dereck Kutesa

Freshfocus

Il y a du déchet, c’est vrai. Il y avait aussi face à lui un excellent Leonidas Stergiou, très réactif face à la vitesse et l’explosivité de Dereck Kutesa. Et pourtant, l’ailier servettien a fait un match convaincant: il est le plus gros pourvoyeur d’occasions genevoises et, aussi, son unique buteur. Même si cela paraît aussi assez clair qu’il est plus à l’aise dans des rencontres qui lui offrent de l’espace et, surtout, la possibilité d’arriver lancé que lorsque la place se réduit.


La décla’

«Je ne suis pas content de la deuxième mi-temps: nous avons perdu le contrôle et beaucoup subi»

Alain Geiger, entraîneur du Servette FC

Les infos bonus

  • Un peu moins d’inquiétude pour Alexis Antunes. Le milieu offensif grenat était sorti sur blessure contre Grasshopper après avoir ressenti une douleur aux ischio-jambiers sur une glissade. Il est resté en stage avec le groupe, mais à part. La douleur s’atténue et ce ne pourrait être qu’une petite pointe. Il faudra toutefois en avoir le cœur net avec une IRM, probablement lundi.

  • En Suisse alémanique, les play-off qui doivent être introduits dès la saison prochaine n’ont plus du tout la cote. À Saint-Gall, une feuille rouge était accolée sur tous les sièges du Kybunpark, avec un argumentaire. Le papier devait aussi faire office de carton rouge. Les tribunes saint-galloises l’ont brandi en début de match, tout en faisant clairement savoir leur dégoût de cette formule, par des banderoles et des slogans.

  • Sur la question, Servette a formulé une position officielle. En substance, elle ne dit pas grand-chose, si ce n’est que le club genevois (qui avait soutenu le projet de l’élargissement à 12, ainsi que le changement de mode de championnat au printemps) se ralliera à la solution qui sera la plus soutenue par l’ensemble des clubs. La prochaine Assemblée générale de la Swiss Football League aura lieu le 11 novembre, et il s’agira notamment de déterminer si les clubs romands feront bloc, ou non.

  • C’était une journée de retrouvailles pour Dereck Kutesa, qui était passé à Saint-Gall entre 2018 et 2019. Il n’a ainsi pas célébré son but. Et on l’a vu discuter tranquillement après la rencontre avec Jordi Quintilla et Jérémy Guillemenot, déjà présents au club à l’époque. «Saint-Gall, c’est ce club qui m’a pris quand plus personne ne voulait de moi», avait-il dit avant la rencontre.


Le fait tactique

Le but encaissé par Servette à Saint-Gall n’est pas anodin: il survient sur une transition qui part directement d’un corner offensif pour les Grenat. Le danger s’était déjà fait ressentir dernièrement: à GC ou contre Lucerne, Servette avait concédé des situations de but sur de telles séquences. Comment l’expliquer?

Sur corner, les Genevois laissent généralement le seul Moussa Diallo (pour sa vitesse, logiquement) en couverture. Gaël Clichy est généralement l’autre joueur désigné pour prévenir d’un éventuel contre. Depuis le côté gauche, qu’importe d’où est tiré le corner.

Et sa hauteur est variable: très haute si un adversaire semble se placer pour anticiper une possibilité de contre-attaque, beaucoup moins s’il n’y en a pas. Pourquoi? Peut-être parce que cela signifie que l’adversaire risque d’être lancé et qu’il vaut mieux se donner de l’espace.

Sauf qu’à Saint-Gall dimanche, c’est ce manque de prévention qui a coûté cher. En se plaçant aux abords de la surface, dans une zone assez intérieure, on peut imaginer que Clichy aurait pu intervenir immédiatement au deuxième ballon. Or, Fofana était en retard et Von Moos a pu prendre de la vitesse et être accompagné par Isaac Schmidt. À courir vers l’arrière sur 80 mètres plutôt qu’en intervenant en avançant sur un ou deux mètres, Servette l’a payé cher.


La statistique

6, comme le nombre d’arrêts qu’a dû effectuer Lawrence Ati Zigi dimanche. Cela représente 1,37 Expected Goals après le tir (soit en fonction de la destination du tir). C’est également le double de sauvetage qu’a dû réaliser Jérémy Frick. Cela dit quelque chose de la prestation d’ensemble servettienne, même si les Grenat ont dû subir territorialement sur une bonne partie de la seconde période.


Une question pour penser l’avenir

Freshfocus

Vu la prestation de Servette dimanche, les Grenat peuvent-ils s’imaginer un futur dans un style un peu plus intense que ce qu’ils pratiquent jusqu’ici?

Ton opinion