Coopération spatiale – «Qu’ils s’envolent dans l’espace sur leurs balais»

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Coopération spatiale«Qu’ils s’envolent dans l’espace sur leurs balais»

Depuis l’invasion de l’Ukraine, la coopération spatiale est mise à mal.  Jeudi, en réaction aux sanctions internationales, la Russie a annoncé cesser de vendre des moteurs de fusée aux Etats-Unis.

A gauche, le chef de Roskosmos, Dmitri Rogozine. A droite, un propulseur de fusée russe Soyouz-2.1b.

A gauche, le chef de Roskosmos, Dmitri Rogozine. A droite, un propulseur de fusée russe Soyouz-2.1b.

AFP

Voici une journée importante pour l’avenir de l’espace. Premièrement, car ce vendredi, une fusée devrait s’écraser sur la Lune. Et deuxièmement, car l’avenir de la coopération spatiale entre Moscou et les puissances occidentales semble plus compromis que jamais. En cause, l’invasion russe de l’Ukraine qui vient jouer les trouble-fête. Samedi dernier, l’Agence spatiale russe Roscosmos décidait de suspendre des tirs et de rappeler certaines de ses équipes. Victime collatérale, la malheureuse mission russo-européenne ExoMars, dont le lancement était programmé pour septembre 2022, devrait ne pas voir le jour. Enfin, jeudi, la Russie annonçait arrêter ses ventes de moteurs de fusées aux Etats-Unis.

Plus de moteurs de fusées pour les USA

La société spatiale russe Roscosmos a lancé sa dernière série de menaces en réponse aux sanctions mondiales. Le chef de Roskosmos, Dmitri Rogozine, a annoncé jeudi que la Russie cesserait de fournir aux Etats-Unis des moteurs de fusée, notamment les moteurs RD-180 et RD-181 utilisés pour propulser les fusées américaines Atlas et Antares. Ce dernier a rappelé que «que depuis le milieu des années 1990, ces approvisionnements ont été assez intenses». Il a ajouté «laissez-les voler sur autre chose, leurs balais, je ne sais pas quoi».

La mission Exo-Mars en péril

Mission capitale pour la quête de traces de vie extra-terrestre, ExoMars symbolisait aussi l’aboutissement d’un partenariat entre l’Europe spatiale et la Russie. Selon une chorégraphie millimétrée, le rover de l’ESA Rosalind Franklin devait être transporté par une fusée russe depuis Baïkonour au Kazakhstan, et se poser sur le sol martien à l’aide de l’atterrisseur «Kazatchok», également russe. Une interface complexe et spécifique, qu’il sera long et coûteux de revoir. «C’est un crève-coeur pour la science et les scientifiques qui ont tissé des liens au fil des années et investi des années de travail», réagit Isabelle Sourbès-Verger, directrice de recherche sur les politiques spatiales au CNRS.

Et l’ISS ?

Alors qu’en février, Dmitri Rogosin, le chef de l’agence spatiale russe, insinuait que la station ISS pourrait tomber sur les Etats-Unis, l’Europe ou ailleurs en cas de rupture de collaboration, jeudi, Roscosmos a annoncé se concentrer sur la construction de satellites militaires, et mis fin aux expériences scientifiques conjointes dans l’ISS avec l’Allemagne, qui elle-même venait de rompre sa collaboration avec Moscou – comme l’a fait le CNRS. La Nasa a assuré de son côté que les Etats-Unis et la Russie travaillaient toujours ensemble «pacifiquement» dans l’ISS où les «équipes se parlent toujours», tout en précisant travailler sur des solutions pour maintenir la Station en orbite sans l’aide de la Russie.

C’est donc la science spatiale qui risque de pâtir le plus du conflit – les lancements commerciaux, eux, «s’en remettront», observe Isabelle Sourbès-Verger. Jeudi, près de 7000 scientifiques russes se sont élevés publiquement contre la guerre, qui saborde à leurs yeux les ambitions de devenir «une grande nation scientifique». Une chose est certaine, nous sommes encore loin de pouvoir aller vivre sur Mars, comme l’avait imaginé récemment un bureau d’architectes… ukrainiens.

En février, un bureau d’architectes ukrainiens avait imaginé un bâtiment en forme de donuts afin de pouvoir vivre sur Mars.

(AFP)

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