Cargèse (France) – Dernier adieu des Corses au militant Yvan Colonna, l’enfant du pays

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Cargèse (France)Dernier adieu des Corses au militant Yvan Colonna, l’enfant du pays

Les funérailles de l’indépendantiste, tué en prison par un codétenu, se sont déroulées vendredi, dans l’ouest de l’île de Beauté, en présence de plusieurs centaines de personnes.

Le cercueil de l’indépendantiste avait été recouvert de la «bandera», ce drapeau corse frappé de la tête de Maure.

Le cercueil de l’indépendantiste avait été recouvert de la «bandera», ce drapeau corse frappé de la tête de Maure.

AFP

Élus locaux, habitants, militants nationalistes: à Cargèse, en Corse, des centaines de personnes sont venues dire adieu, vendredi, à Yvan Colonna, l’enfant du pays, mortellement agressé par un codétenu dans la prison où il purgeait sa peine, pour l’assassinat du préfet Claude Erignac.

Le cercueil est arrivé peu après 14 h, dans ce village de 1300 habitants, berceau de la famille Colonna. Parmi la foule massée en silence devant l’église qui sonnait le glas, ou à pied derrière le convoi, plusieurs personnalités de l’île: Gilles Simeoni, le président autonomiste du Conseil exécutif, Jean-Guy Talamoni, l’ex-président indépendantiste de l’assemblée de Corse, ou encore Charles Pieri, ex-leader présumé du Front de libération nationale de la Corse.

Le drapeau bleu-blanc-rouge jugé «persona non grata»

Plusieurs «banderas», ce drapeau corse frappé de la tête de Maure, flottent dans la brise. Mais aussi un drapeau breton et un basque. Le bleu-blanc-rouge est par contre invisible: «Le drapeau français, vous n’allez pas le voir aujourd’hui», lance un homme au crâne rasé à un journaliste, «il est persona non grata».

Sur une plaque de bois, à côté de la porte de l’église, un visage au pochoir: celui d’Yvan Colonna. Ici, les gens le voient comme l’enfant du pays, mort à 61 ans, lundi, des suites de son agression à la prison d’Arles (sud de la France) le 2 mars. Pas comme l’homme condamné par trois fois à la perpétuité pour l’exécution par balle du préfet Erignac, en février 1998, à Ajaccio. Un crime qu’il a toujours nié.

À côté de la porte de l’église, le visage d’Yvan Colonna a été dessiné au pochoir.

À côté de la porte de l’église, le visage d’Yvan Colonna a été dessiné au pochoir.

AFP

«Il voulait vraiment revenir dans son île, pour qu’elle vive»

Après son arrivée au village et un passage devant la maison familiale des Colonna, le convoi est passé «devant le champ d’oliviers (qu’Yvan) avait dû abandonner un jour de mai 1999» pour tenter d’échapper à son arrestation, comme l’avait annoncé l’avis de décès, en langue corse.

La cérémonie religieuse se déroule dans l’église latine, face à l’autre église du village, grecque celle-là. Puis ce sera l’inhumation, dans le minuscule cimetière à l’entrée de Cargèse, dédié aux «familles Colonna», comme l’indique une plaque de marbre à l’entrée. Un drapeau corse est déjà posé au-dessus du caveau.

Christine Flori, 69 ans, visiteuse de prison, tenait à être là, pour dire adieu à celui qu’elle a rencontré une fois par mois pendant 12 ans: «Yvan, il voulait vraiment revenir dans son île, pour que son île vive, soit respectée. Il voulait revenir dans sa bergerie et qu’on le laisse tranquille», insiste-t-elle au sujet de cet homme qu’elle considère comme innocent.

Discussions sur l’autonomie

L’agression d’Yvan Colonna, par un détenu condamné pour «association de malfaiteurs terroriste», alors qu’il demandait depuis des années à purger sa peine en Corse, a soulevé une vague de colère dans l’île. Le drame a aussi fait ressurgir la question de l’autonomie pour cette île-région de 340’000 habitants. Gérald Darmanin, venu trois jours en Corse mi-mars, s’est engagé à ouvrir des discussions «vers un statut d’autonomie restant à préciser». Une démarche qui a jusque-là permis de ramener le calme.

(AFP)

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