Climat et COP 27Greenpeace implacable avec la politique de la Suisse
À l’occasion de la réunion de Charm el-Cheikh en Égypte, l’ONG internationale estime que l’effort helvétique est nettement insuffisant en matière de climat.


A l’heure où l’inquiétude grandit dans la population, la politique de la Suisse est «suicidaire» selon Greenpeace.
Getty ImagesSous l’égide de l’ONU, la COP 27, ou la Conférence de Charm el-Cheikh de 2022 sur les changements climatiques, a débuté dimanche en Égypte. Pour l’ONG Greenpeace, c’est l’occasion de dresser un constat implacable sur l’absence de progrès notable dans ce domaine. Dans un communiqué diffusé lundi, l’association estime que cette réunion «est marquée par l’ignorance affichée par des pays comme la Suisse, qui sont coresponsables du fait qu’après 27 conférences des parties, les émissions qui déstabilisent le climat continuent d’augmenter».
Georg Klingler, expert climat et énergie pour Greenpeace Suisse, constate: «Malgré les épisodes météorologiques extrêmes particulièrement marquants de cette année, qui ont semé la mort et la destruction, et malgré de récentes découvertes qui montrent clairement que des points de basculement climatiques surviendront très probablement à partir d’un réchauffement global de 1,5 °C, la Suisse campe sur des positions largement insuffisantes». Le communiqué déplore ainsi «l’ampleur des carences de la politique climatique suisse» en quatre points
Si tout le monde faisait comme nous
Selon Greenpeace, la Suisse «n’a pas tenu ses engagements en matière de protection du climat pour 2020 et n’est pas mieux placée pour 2030». Autrement dit, si tous les pays faisaient comme la Suisse, «la planète se réchaufferait de 3 °C par rapport au niveau préindustriel. L’avenir même de l’humanité est ainsi menacé».
Réduction insuffisante à 2030
Greenpeace estime aussi qu’une réduction des émissions de gaz à effets de serre de 50% d’ici 2030 est insuffisante: «La Suisse doit atteindre au moins 61% par rapport au niveau de 1990. Et ce, sans tenir compte des réductions d’émissions réalisées dans d’autres pays. De telles réductions doivent s’ajouter à l’objectif national et permettre de garantir que le bilan des émissions de gaz à effet de serre de la Suisse soit négatif d’ici 2030 par rapport à 1990».
Une trajectoire à 4 degrés de réchauffement
Le rôle financier de la Suisse est également pointé du doigt comme «un énorme problème» ayant des conséquences «suicidaires». Malgré l’adoption de l’accord de Paris (2015), la Suisse n’a toujours pas édicté des directives «pour réduire les dommages climatiques dont la place financière et la Banque nationale suisse sont responsables». Pire, la politique de la place financière helvétique «se trouve sur une trajectoire allant jusqu’à 4 °C de réchauffement».
Réparation des dommages
Enfin Greenpeace critique la position de la Suisse en matière de «financement d’un développement respectueux du climat et la réparation des dommages dans les pays qui ont comparativement peu contribué au réchauffement». Selon l’association, rien n’est réellement fait pour les indemniser: «Les fonds de la coopération au développement sont réaffectés et additionné à des crédits privés afin de polir les chiffres», conclut-elle.