Présidentielle française«Un accident électoral est tout à fait possible»
Après un week-end marqué par les meetings et les images terribles d’Ukraine, la campagne entre dans sa dernière semaine. L’écart se resserre entre Macron et Le Pen.

Pour le second tour, l’avance du président sortant sur Marine Le Pen s’est réduite dans la marge d’erreur des sondages.
AFPLa guerre en Ukraine s’est de nouveau imposée avec force, dans la campagne présidentielle française. Les images terribles de civils exécutés dans la région de Kiev, ont suscité les réactions des candidats, engagés dans la dernière semaine de campagne, avant le premier tour. La découverte de cadavres de civils à Boutcha, dont le meurtre est imputé aux soldats russes, a suscité un tollé international et poussé les candidats français à réagir.
Sur France Inter, lundi matin, Emmanuel Macron, évoquant «des indices très clairs de crimes de guerre» à Boutcha, s’est dit «favorable» à de nouvelles sanctions de l’Union européenne contre la Russie, notamment sur le pétrole et le charbon.
Le candidat écologiste Yannick Jadot a pour sa part de nouveau réclamé un embargo sur les hydrocarbures russes, tandis que la socialiste Anne Hidalgo a appelé à «cesser de payer le gaz de la honte».
Régulièrement critiqué pour des positions jugées pro-russes, le candidat de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que «les responsables russes doivent (…) répondre» des «crimes de l’armée russe».
À l’extrême droite, Marine Le Pen, qui avait refusé fin mars, de qualifier Vladimir Poutine de «criminel de guerre», s’est résolue lundi à employer ces mots. Son rival Eric Zemmour, qui a lui aussi eu des positions pro-russes, a dénoncé un «crime infâme». Mais il a estimé qu’il serait difficile de «traîner» Vladimir Poutine devant la Cour pénale internationale.
«Accident électoral possible»
La guerre en Ukraine continue ainsi de marquer une campagne déjà asphyxiée à ses débuts par la crise du Covid. Les sondeurs craignent désormais une très importante abstention dimanche: elle pourrait atteindre quelque 30%, un record pour un premier tour de présidentielle sous la Ve République, souligne un sondage paru dimanche.
Chaque candidat tente aussi de gérer le duel installé depuis des mois entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le chef de l’État sortant a déploré lundi que «ceux qui jouent avec les peurs montent» et souhaité «convaincre» les électeurs tentés par les extrêmes que ceux-ci «n’apportent pas la bonne réponse».
Pour le second tour, son avance s’est réduite dans la marge d’erreur des sondages (53% contre 47% à Marine Le Pen), inquiétant désormais la «macronie». «À 52%-48% et même à 54%-46%, l’accident électoral est tout à fait possible» pour Emmanuel Macron, estime le politologue Pascal Perrineau, lundi, dans «Les Échos».
Meetings et émissions
Derrière, Jean-Luc Mélenchon est désormais installé à la troisième place à quelque 15%, devant la candidate de droite Valérie Pécresse et Eric Zemmour, tous deux crédités de 10%, puis Yannick Jadot, à 6%.
Les candidats misent désormais sur d’ultimes rendez-vous pour mobiliser leurs électeurs et convaincre les indécis: nouvelle interview radio de Macron, mercredi matin, et «déplacements de terrain», émission télévisée pour les douze candidats mardi, avec un temps de parole égal, et passages sur la chaîne TF1 pour tous, deux par deux, en début de soirée au fil de la semaine.