Décès de Mahsa Amini: En Iran, les protestations entrent dans leur 6e semaine

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Décès de Mahsa AminiEn Iran, les protestations entrent dans leur 6e semaine

Les manifestations contre le pouvoir en place ne faiblissent pas en Iran, alors que la répression a déjà fait plus de 120 morts.

Mahsa Amini est décédée après son arrestation par la police iranienne.

Mahsa Amini est décédée après son arrestation par la police iranienne.

AFP

Les commerçants et ouvriers dans plusieurs villes d’Iran ont organisé des grèves samedi sur fond de protestations déclenchées il y a plus d’un mois par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini après son arrestation, selon des ONG.

Mahsa Amini, 22 ans, est décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, où le voile est obligatoire pour toutes les femmes dans l’espace public.

La répression des protestations, les plus importantes en Iran depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence, a fait au moins 122 morts dont des enfants, selon l’Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo. Les Iraniennes, beaucoup tête nue, ont été à l’avant-garde du mouvement de contestation, chantant des slogans contre le pouvoir et affrontant les forces de sécurité.

De nouvelles manifestations ont eu lieu samedi, mais il est difficile d’en évaluer l’ampleur en raison des restrictions d’accès à Internet imposées par les autorités. Elles ont été accompagnées également de grèves.

«Oppression systématique»

Le média en ligne 1500tasvir a fait état de «grèves (…) organisées dans des villes, dont Sanandaj, Bukan et Saqez (nord-ouest)». Cette dernière est la ville natale de Masha Amini. Le groupe de défense des droits Hengaw, basé en Norvège, a aussi parlé de commerçants en grève dans ces mêmes villes, ainsi qu’à Marivan (ouest). À Tabriz, capitale de la province de l’Azerbaïdjan oriental, des dizaines de travailleurs se sont rassemblés devant une chocolaterie, d’après d’autres vidéos qui n’ont pas pu être vérifiées dans l’immédiat par l’AFP.

Des étudiants ont protesté dans plusieurs universités du pays, a indiqué 1500tasvir, citant la Faculté des arts et d’architecture de Yazd (centre), l’université de Téhéran, l’université Allameh Tabatabai, dans l’est de la capitale, l’université Razi à Kermanshah (nord-ouest), ainsi que celles de Hamedan (ouest), Ahvaz et Yasouj (sud-ouest).

Des dizaines d’étudiants ont applaudi et chanté lors d’une manifestation à l’université Shahid Beheshti de Téhéran, selon une vidéo tweetée samedi par 1500tasvir. Un syndicat d’enseignants a appelé à une grève nationale dans le pays dimanche et lundi pour dénoncer la répression qui, selon Amnesty International, a coûté la vie à au moins 23 enfants.

Arrestations massives

Dans un communiqué, le Conseil de coordination des syndicats d’enseignants a déclaré que le «sit-in» serait une réponse à «l’oppression systématique» des forces de sécurité dans les écoles. Il a nommé quatre adolescents tués selon lui dans la répression -Nika Shahkarami et Sarina Esmailzadeh, Abolfazl Adinezadeh et Asra Panahi- et fait état de l’arrestation d’un grand nombre d’enseignants.

Des militants ont pour leur part accusé les autorités iraniennes de mener une campagne d’arrestations massives et d’interdictions de voyager, la liste incluant athlètes, journalistes, avocats et célébrités.

À l’étranger, les rassemblements de solidarité avec les protestations en Iran se sont aussi poursuivis avec des manifestations à Tokyo et à Berlin, où des milliers de personnes ont manifesté. La communauté internationale a condamné la répression et plusieurs pays ainsi que l’Union européenne ont imposé des sanctions à des dirigeants et entités iraniens.

Manifestations à Berlin et Washington

(AFP)

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