Réforme des retraites en FranceDes barrières anti-émeutes érigées devant le Conseil constitutionnel
La tension est à son comble à Paris, après trois mois de crise. Les Sages doivent annoncer en fin de journée leurs décisions sur la réforme controversée

Les autorités craignent que la situation ne dégénère après la décision du Conseil.
REUTERSAprès trois mois de crise politique et sociale, toute la France est suspendue à la décision du Conseil constitutionnel. Ses neuf membres sont sous bonne garde: toute manifestation aux abords de son siège, situé dans une aile discrète du Palais Royal, est interdite depuis jeudi soir, après un bref blocage dans la matinée. Et d’impressionnantes barrières anti-émeutes ont été érigées vendredi matin.
Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité attendent une validation, même partielle, de la réforme, qui reculerait l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Le président espère relancer son second quinquennat, entravé par un conflit majeur un an à peine après sa réélection. Les oppositions, politiques et syndicales, espèrent de leur côté une censure de la réforme qui ferait céder un exécutif inflexible, malgré douze journées de grèves et de manifestations.
Crainte de débordements
Les décisions du Conseil, chargé de contrôler la conformité des lois à la Constitution, ne sont susceptibles d’aucun recours. Et elle pèseront d’un poids décisif sur les quatre années restantes du mandat présidentiel. Avec l’espoir, pour la gauche, d’un feu vert pour entamer la collecte de 4,8 millions de signatures vers un hypothétique et inédit référendum d’initiative partagée (RIP) destiné à limiter à 62 ans l’âge de la retraite en France.
D’après une note du renseignement territorial consultée par l’AFP, 131 actions sont attendues vendredi soir, en réaction à la décision des Sages. Et la police redoute des débordements.
Pression considérable
La pression est donc vive sur le Conseil constitutionnel, présidé par l’ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius. Il compte actuellement dans ses rangs un autre ancien Premier ministre, Alain Juppé, et deux ex-ministres d’Emmanuel Macron: Jacques Mézard et Jacqueline Gourault.
Va-t-il censurer totalement ou partiellement la réforme? Retrancher les fameux «cavaliers» sociaux ou procéduraux (index séniors, voire CDI séniors) dont l’annulation ne semble faire aucun doute, même au sein du gouvernement, car ils n’auraient rien à faire dans un texte financier? En cas de validation, Macron devra encore promulguer la loi. Il a dit cette semaine vouloir, «dans un esprit de concorde», recevoir les syndicats. Et devrait prochainement s’adresser aux Français. Une réunion au sommet de la majorité se tiendra lundi à l’Elysée.
La décision du Conseil est attendue vers 18h.