États-Unis«Je suis à court de compassion pour les non vaccinés»
Une doctoresse américaine a publié un texte choc pour convaincre la population de se vacciner contre le coronavirus.


Anita Sircar est une spécialiste des maladies infectieuses.
TwitterAnita Sircar a publié un texte engagé et poignant dans le «Los Angeles Times», avec un titre probablement volontairement provocateur: «comme docteur dans une unité covid, je suis à court de compassion pour les non-vaccinés. Prenez l’injection».
Spécialiste des maladies infectieuses, Anita Sircar enseigne à l’université de Californie (UCLA), à Los Angeles. Depuis 17 mois, elle s’occupe aussi quotidiennement de personnes infectées par le coronavirus dans une unité covid d’un hôpital de Torrance, dans le comté de Los Angeles. Là, tous ses patients sont non-vaccinés, insiste-t-elle. Pour convaincre les hésitants, les sceptiques ou les antivax, elle raconte le destin d’un de ses patients.
Cet homme de moins de 50 ans, assis au bord de son lit, «s’arrêtant pour reprendre son souffle après chaque mot», lui a raconté son histoire. Légèrement hypertendu mais en bonne santé, il avait contracté le virus dix jours auparavant. Deux jours après, il s’est mis à tousser et à être très fatigué. Son médecin lui a prescrit des antibiotiques mais «ça n’a pas fonctionné», écrit la doctoresse.
«Ça n’a pas fonctionné»
L’homme prend alors de l’hydroxychloroquine, dénichée sur internet. «Ça n’a pas fonctionné». Extrêmement essoufflé, il a ensuite obtenu un traitement à base d’anticorps monoclonaux. «Ça n’a pas fonctionné», martèle-t-elle encore. Puis il s’est retrouvé aux urgences avec des niveaux d’oxygène «dangereusement bas» et des zones d’infection dans les poumons.
Son patient lui a expliqué qu’il ne se considérait pas comme un antivax. «J’attendais juste que la Food and Drug Administration (FDA) approuve définitivement le vaccin. Je ne voulais rien d’expérimental. Je ne voulais pas être le cobaye du gouvernement et je ne crois pas que ce soit sûr», a-t-il raconté. Anita Sircar note que c’est un argument qu’elle entend souvent. Les vaccins contre le coronavirus sont en effet au bénéfice d’une autorisation d’urgence aux États-Unis. Mais la doctoresse souligne que l’homme a par contre accepté les anticorps monoclonaux ou l’hydroxychloroquine, bien davantage considérés comme expérimentaux en la matière.
La spécialiste a proposé à son patient de le traiter avec du remdesivir. Elle lui a cependant dit que l’approbation de la FDA était très récente pour ce médicament, qu’il n’avait pas été étudié ou administré aussi largement que les vaccins contre le coronavirus et que ses effets à long terme restent méconnus. «Voulez-vous toujours que je vous le donne? », a-t-elle alors demandé. «Oui. Tout ce qu’il faut pour me sauver la vie», a-t-il répondu.
«Ça n’a pas fonctionné», écrit à nouveau la doctoresse. L’homme est mort 9 jours plus tard. Il avait une femme et deux jeunes enfants.
«Il a fait un choix personnel»
«L’année dernière, un cas comme celui-ci m’aurait écrasée. J’aurais lutté avec tristesse et l’idée que la vie était injuste. Cette année, j’ai eu du mal à trouver de la sympathie. C’était en août 2021, pas en 2020. Le vaccin était largement disponible depuis des mois aux États-Unis, gratuit pour tous ceux qui le voulaient, même offert dans les pharmacies et les supermarchés. Des vaccins de pointe, révolutionnaires, époustouflants et salvateurs étaient disponibles là où les gens faisaient leurs courses, et ils n’en voulaient toujours pas», écrit Anita Sircar.
Se disant «à court de compassion», elle détaille encore: «Nous, l’équipe soignante, nous nous sommes dit: il a fait le choix personnel de ne pas se faire vacciner, de ne pas se protéger ou protéger sa famille. Nous avons fait tout ce que nous pouvions avec ce que nous avions pour le sauver. Mais cette année, cette tragédie, cette perte inutile et entièrement évitable, était de son fait».
Et Anita Sircar de conclure: «Si vous pensez pouvoir surmonter la pandémie sans vous faire vacciner, vous ne pouvez pas vous tromper davantage. Ce virus vous trouvera. Pour vous protéger, vos proches et le monde, faites-vous vacciner. Et ça fonctionnera.»