Commémoration de la guerre d’Algérie – Des controverses et une réconciliation difficile

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Commémoration de la guerre d’AlgérieDes controverses et une réconciliation difficile

La France fête le 60e anniversaire des Accords d’Evian et de la fin du conflit en Algérie mais la date fait polémique car les violences se sont poursuivies bien au-delà du cessez-le-feu.

Un ancien combattant présente un drapeau lors d'une cérémonie au sanctuaire de Notre Dame de Santa Cruz à Nîmes, dans le sud de la France, le 17 mars 2022.

Un ancien combattant présente un drapeau lors d'une cérémonie au sanctuaire de Notre Dame de Santa Cruz à Nîmes, dans le sud de la France, le 17 mars 2022.

AFP

La France commémore samedi le 60e anniversaire des Accords d’Evian et du cessez-le-feu en Algérie, avec une cérémonie où le président Emmanuel Macron va de nouveau plaider pour un «apaisement» des mémoires. 200 invités ont été conviés à l’Elysée pour l’occasion. Mais la date du 19 mars 1962 fait polémique car les rapatriés estiment que les Accords d’Evian ne marquent pas la fin de la guerre d’Algérie en raison des violences qui se poursuivirent jusqu’à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962 et se conclurent par l’exode de centaines de milliers d’entre eux vers la France.

Une étape sur le chemin de la mémoire

Consacrée par la loi en 2012 comme la «Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc», la date de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 19 mars 1962, continue à faire polémique aujourd’hui.

Plusieurs candidats et candidates à l’élection française ont réagi sur cette polémique. Valérie Pécresse s’est engagée à trouver une autre date car «80% des victimes civiles sont tombées après les accords d’Evian», a-t-elle affirmé vendredi. La candidate d’extrême droite Marine Le Pen a également souligné qu’elle contestait «depuis longtemps» le choix du 19 mars car «il y a eu des dizaines de milliers de harkis qui ont été sauvagement assassinés» après cette date, en référence aux combattants supplétifs engagés au côté de l’armée française.

Face à cette controverse, la présidence présente la commémoration du 19 mars comme «une étape» sur le chemin de mémoire «mais ce n’en est pas le terme».

200 invités à l’Elysée

Quelque 200 invités sont attendus samedi à l’Elysée, représentant les témoins de toutes les mémoires liées à la guerre d’Algérie: appelés, combattants indépendantistes, harkis et rapatriés. L’objectif de cette commémoration, «réconcilier» et «apaiser», reste le même que lors des précédents rendez-vous organisés depuis le début du quinquennat autour de la guerre d’Algérie.

Les relations entre les deux pays sont marquées par un certain apaisement après deux années de crispations. Emmanuel Macron a cherché, à travers une série de gestes mémoriels, à «réconcilier la France et l’Algérie» ainsi que les «mémoires cloisonnées» en France, a rappelé l’Elysée. Mais Alger, qui réclame des excuses officielles de la France pour la colonisation, n’a pas donné suite à ce travail de mémoire. «C’est une main qui est tendue et qui restera tendue», a toutefois souligné l’Elysée. Dans la société française, il s’agit de «constituer dans le temps long une mémoire commune, partagée, apaisée», a expliqué la présidence en réfutant les accusations de «clientélisme mémoriel» à l’encontre du chef de l’Etat.

(AFP)

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