Tous sports: Commentaire: la terriblement futile recherche du «GOAT»

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Tous sportsCommentaire: la terriblement futile recherche du «GOAT»

En mal de sensations sur les réseaux sociaux, de nombreux suiveurs de sport à la télévision débattent sempiternellement de «qui est le meilleur de tous les temps». Mais ça sert à quoi?

Robin Carrel
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Robin Carrel

Les réseaux sociaux, Twitter, Facebook - oui les jeunes, il paraît que ça existe encore - et Instagram en tête, sont devenus les comptoirs des bistrots modernes. L'endroit où on débat de tout et de rien de manière très véhémente, avec souvent beaucoup de mauvaise foi et même avec pas mal d'insultes au passage. C'est pratique, dans le sens où, contrairement au zinc du coin de la rue, on ne risque pas d'en prendre une en retour quand on devient grossier. Mais c'est aussi trop facile d'y dire n'importe quoi sans l'assumer derrière.

Bref, tout ça pour en venir au sujet qui me fascine depuis quelques semaines. Entre la retraite de Roger Federer, les derniers flashs de la carrière de Rafal Nadal et la quête de Novak Djokovic pour passer devant les deux monstres en terme de Grands Chelems gagnés et les duels entre les pro-Lionel Messi et les fondus de Cristiano Ronaldo, il est impossible d'évoquer le sujet sans que des gens ne se fâchent, balancent des arguments définitifs à leurs yeux ou tiennent des théories qui ne… tiennent pas.

Plutôt Federer ou Nadal?

Plutôt Federer ou Nadal?

AFP

Il semble y avoir un besoin absolu de déterminer qui est le plus grand de tous les temps, «the greatest of all time», le «GOAT», quoi. Et à chaque fois, dans chaque argumentaire pas du tout orienté, c'est le sportif préféré de la personne qui s'exprime qui gagne. Ajoutez-y Pelé, Diego Armando Maradona, George Best, Rod Laver, Björn Borg, Pete Sampras, Andre Agassi et j'en oublie, et tout ça n'a plus ni de queue ni de tête.

Parce que, honnêtement, quel sens ça a de vouloir hiérarchiser des hommes ou des femmes qui n'ont pas le même poste, pas le même jeu, pas les mêmes adversaires, pas le même style, qui ne jouent pas avec les mêmes coéquipiers, sans les mêmes consignes tactiques, avec un physique différent, qui n'évoluent pas dans le même environnement, ni dans la même décennie, ni dans le même club, ni dans la même équipe nationale et j’en passe? Spoiler alert, ou «alerte divulgâchage» en français: aucun.

Plutôt Ronaldo ou Messi?

Plutôt Ronaldo ou Messi?

AFP

Franchement, ça me fascine. Comment est-ce que quelqu'un capable d'un minimum de réflexion et qui aime à peu près le football peut, les yeux dans les yeux ou via smartphone interposé, assurer à son interlocuteur que Messi est meilleur que Maradona? Comment est-il possible d'affirmer honnêtement, quand on aime le tennis, que Djokovic mettrait une rouste à Jimmy Connors? Ou encore qu'un Beat Feuz à jeun dominerait sur le Lauberhorn de l'époque un Roland Collombin après l’apéro sur des pistes qui n’ont rien à voir, avec du matériel différent et avec une préparation toute autre? Je ne comprends pas, et je m’énerve.

Je veux bien que ce genre de comparaisons passe le temps entre deux matches et que les soirées d'hiver peuvent être longues, mais je n'arrive pas à m'immiscer dans ces débats. A quoi bon aduler ainsi une personne et en dénigrer une autre sous prétexte de devoir absolument avoir raison ou à tout le moins un avis, pour quelque chose qui est absolument impossible à prouver? Je dois me faire vieux, sans doute. Si quelqu’un peut m’expliquer, il me trouvera un bout d’un bar, à parler de sport…

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