Lac de BienneLe séquoia «monument» menacé d’abattage a été sauvé
Face à une pétition, un promoteur et une architecte ont revu leurs plans pour sauver un arbre majestueux à Gerolfingen.


Ce séquoia est bien plus grand que la construction projetée à Gerolfingen (BE).
lematin.ch/Vincent DonzéTandis qu’à Saint-Sulpice (VD), l’annonce de l’abattage d’un tilleul centenaire a provoqué une levée de boucliers, un combat similaire a porté ses fruits à Gerolfingen (BE). Sur la rive sud du lac de Bienne. un séquoia a été gracié dans la foulée d’une pétition de même gabarit que celle lancée à Saint-Sulpice.
«Notre pétition a tout fait basculer», se réjouit son auteur, Jean-Pierre Zingg. Le promoteur immobilier qui voulait couper le séquoia sur une parcelle privé a entendu la colère des riverains et son architecte a modifié ses plans: «Le hangar à vélos et l’abri antiatomique seront construits ailleurs», se réjouit le pétitionnaire qui a obtenu 762 signatures, bien au-delà de sa commune fusionnée de 3000 habitants.
Très attachés
À Gerolfingen, personne ne connaît l’âge du séquoia, estimé à 150 ans, mais les gens du quartier y sont très attachés: les oiseaux s’y regroupent avant leur migration et en ce moment, ceux qui passent devant la Alte Bielstrasse 34 voient évoluer un milan.
Ce conifère ne figure pas dans le cadastre: comme celui de Saint-Sulpice, il n’est pas protégé officiellement. Mais pour Jean-Pierre Zingg, qu’importe sa provenance, cet arbre est un «monument», un «miracle de la nature». D’où l’idée de sensibiliser la population pour contrer la demande de permis de construire déposée pour un immeuble de 14 appartements.
«Helvetia Nostra»
Ce qui a plaidé en faveur de séquoia, c’est l’expertise du spécialiste bernois Fabian Dietrich de Därligen, mandaté par la fondation «Helvetia Nostra» créée par l’écologiste Franz Weber (1927-2019). Cette organisation a financé les sondages nécessaires pour évaluer la qualité des racines, une opération qui a duré trois jours.
Contrairement à celui mandaté par l’architecte, l’expert Fabian Dietrich a estimé que son enracinement donne au séquoia l’assurance de survivre à la future construction voisine. Si ses aiguilles sèchent en hiver, c’est par manque d’eau quand le sol est gelé, mais l’arbre est en bonne santé: son entretien sera désormais la tâche du promoteur immobilier.
Le promoteur, l’architecte et la commune se sont entendus pour sauver le séquoia, mais formellement, le dernier mot appartiendra à la préfète, saisie de plusieurs recours contre l’abattage. Dans la foulée, les autorités locales ont demandé à la population de signaler les arbres dignes de protection, de manière à les inscrire dans le prochain plan d’aménagement.