Jubilé - Espionnage: «Les plus patriotes sont les éclaireurs-parachutistes»

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JubiléEspionnage: «Les plus patriotes sont les éclaireurs-parachutistes»

L’école de parachutisme Swissboogie instruit depuis un demi-siècle les militaires de l’armée suisse à l’aérodrome de Bienne-Kappelen. Rencontre avec son fondateur Henri Schürch.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Depuis 50 ans, le drapeau suisse flotte à l’aérodrome de Bienne-Kappelen, et plutôt deux fois. C’est là que l’école de parachutisme Swissboogie forme les futurs espions de l’armée suisse. «Les plus patriotes sont les éclaireurs-parachutistes», assène Henri Schürch, fondateur de cette école. La formation préliminaire est destinée aux candidats avant leur entrée à l’école de recrues, un travail délégué à des écoles civiles disposant de cadres qualifiés.

Des parachutistes militaires, pour quoi faire? «Pour espionner derrière les lignes ennemies, il n’y a rien de plus discret: au contraire d’un drone, un parachutiste est invisible», répond Henri Schürch. C’est là que la valeur patriotique entre en jeu: «Si un officier tombe en mains ennemies, il doit être solide pour ne pas cracher le morceau: il ne doit rien révéler qui mettrait ses collègues et son pays en danger».

«Un éclaireur parachutiste, c’est un Helvète qu’on ne peut pas acheter!» résume l’instructeur établi à La Heutte (BE). Avec cette précision: «Après l’école de recrues, il doit automatiquement grader: s’il est fait prisonnier, les droits d’un officier sont meilleurs de ceux d’un soldat».

À l’unité spéciale des éclaireurs-parachutistes rattachée aux Forces aériennes suisses, la résistance mentale est une exigence aussi nécessaire que la préparation physique. «Les éclaireurs sautent avec un matériel de surveillance et de transmission», précise Henri Schürch. Avec douze brevets pour 90 candidats, ce n’est pas gagné d’avance. Y aura-t-il un jour une compagnie féminine? La réponse n’appartient pas au fondateur de «Swissboogie».

Pandémie oblige, «Swissboogie» a renoncé à inviter les autorités à son jubilé aéronautique. Mais Henri Schürch transmet son message via lematin.ch. «Ce service militaire est aussi dur que la légion étrangère», assure-t-il. Ce qui a changé? Le parachute devenu planeur, qui permet un atterrissage en douceur et avec précision, même avec du poids.

Le message d’Henri Schürch


Les explications d’Henri Schürch (80 ans), pilote du Pilatus PC-6 chargé du largage, l’instruction étant l’affaire de ses deux petits-fils Marc Krause, directeur d’école, et Sven Krause, chef maître-tandem:

«Pour arriver à une candidature finale permettant d’intégrer l’école de recrues spécialisée, de nombreuses qualifications délivrées pendant deux cours préparatoires de 15 jours sur deux ans doivent être atteintes. L’ensemble comporte 50 sauts avec progressions définies devront être atteintes. Il en va de même avec des disciplines de gymnastiques qui doivent être réussies. Régulièrement, pendant les cours, des audits seront menés par des experts délégués par les instances militaires. C’est rude, mais il faut savoir que le dynamisme de groupe fait effet et rend l’ensemble des cours faisables. Il se crée une excellente camaraderie qui est amplificatrice de volontés de pouvoirs et de plaisirs».

Henri Schürch aux commandes de son Pilatus Porter.

Henri Schürch aux commandes de son Pilatus Porter.

Lematin.ch/Vincent Donzé


«Ces cours préparatoires et cours de présélections avec qualifications ne signifie pas que tout le monde deviendra automatiquement éclaireur-parachutiste de la Kp 17. Par contre, les candidats qui terminent les deux cours recevront leur licence civile de parachutiste permettant de pratiquer par la suite le sport dans le monde entier. Cette licence a aussi une valeur de diplôme».


«Dans la vie, les jeunes doivent souvent présenter un curriculum vitæ pour obtenir une place de travail, voir une place de cadre. Et là figurera la mention «Les cours Sphair militaires réussis». Personne ne sous-estimera cette capacité surtout dans l’aviation, l’administration, la police, etc.».


«Les jeunes de la génération actuelle ont le besoin d’avoir un horizon visible. Les cours Sphair en sont un parmi d’autres mais n’en est absolument pas le moindre. En 2021, Swissboogie dirigera pour le compte de la Confédération les cours dans sa 50e année, les premiers ayant eu lieu en été 1971 sur l’aérodrome et la dropzone de Bienne-Kappelen. Plus de 2000 jeunes en auront pu profiter».

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