Ski alpin – A Adelboden, Hans Pieren tire sa révérence avec le Covid

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Ski alpinÀ Adelboden, Hans Pieren tire sa révérence avec le Covid

Directeur de course dans l’Oberland, le Bernois s’apprête à prendre congé de la Chuenisbärgli après 28 ans de bons et loyaux services. Mais il ne pourra pas assister aux courses, parce que testé positif.

Christian Maillard
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Christian Maillard Adelboden
Hans Pieren, qui était le chef de piste depuis 1994, va céder son poste de directeur après ce week-end.

Hans Pieren, qui était le chef de piste depuis 1994, va céder son poste de directeur après ce week-end.

DR

D’Adelboden à Pékin en passant par Innsbruck et PyeongChang, sur le Cirque blanc, il a tout vécu ou presque. Né à Adelboden, Hans Pieren a été à la fois coureur, entraîneur de l’équipe suisse féminine (entre 1999 et 2001), entrepreneur (il est le patron d’une société de produits de ski en ligne) et directeur de course durant plus de trois décennies.

Le Bernois connaît forcément la station de l’Oberland comme sa poche. Mais surtout cette piste du Chuenisbärgli qu’il maîtrise sur le bout des doigts. Deuxième derrière Ole-Kristian Furuseth en 1992, celui qui fut un des meilleurs géantistes du monde entre 1980 et 1990 (trois podiums), a surtout été depuis 28 ans le responsable de cette mythique épreuve.

C’est certainement la larme à l’œil que Hans Pieren va planter une dernière fois son bâton et sa perceuse ce dimanche, comme ici en 2019.

C’est certainement la larme à l’œil que Hans Pieren va planter une dernière fois son bâton et sa perceuse ce dimanche, comme ici en 2019.

Tamedia AG

C’est certainement avec la larme à l’œil que ce futur sexagénaire (il passera le cap le 23 janvier prochain) a appris qu’il ne pourrait pas planter, ce dimanche, son bâton pour la dernière fois. Testé positif au Covid, il ne sera en effet pas autorisé à assister aux épreuves. Il devra attendre l’année prochaine pour qu’un hommage lui soit rendu.

Ce week-end, il va donner les clés à Reto Däpp et Stefan Von Känel, pour de nouvelles aventures. «Personne ne connaissait mieux cette Chuenisbärgli que lui ainsi que toutes les finesses météorologiques autour d’elle les jours précédant la course», dit-on, tout aussi ému, dans son entourage.

On l’a contacté jeudi, avant qu’il apprenne les résultats de son test, alors qu’on prépare activement ce 4e géant et 3e slalom de la saison, qui devraient attirer la grande foule samedi et dimanche.

Alors, Hans Pieren, c’est vraiment fini pour vous, à Adelboden?

Fini? Non, pas encore.

«Comme je vais fêter mon 60e anniversaire le 23 janvier, j’ai pensé que c’était l’heure d’enfin lever le pied et de m’arrêter»

Hans Pieren, responsable des courses d’Adelboden

Mais après ce week-end, vous allez vraiment vous arrêter?

Oui, c’est correct. Comme je vais fêter mon 60e anniversaire le 23 janvier, j’ai pensé que c’était l’heure d’enfin lever le pied et de m’arrêter. On ne doit pas toujours en faire plus, et savoir réduire la voilure quand il le faut. Vingt-huit ans, c’est bien.

Cinq ans après vos débuts dans ce rôle de directeur de piste, vous avez également assumé durant deux ans, de 1999 à 2001, en parallèle, le poste d’entraîneur en chef du ski suisse féminin, c’est juste?

Oui, c’est vrai. Durant cette période, Sonja Nef avait été championne du monde, alors que Sylviane Berthod et Corinne Rey-Bellet s’étaient également imposées en Coupe du monde sous mes ordres. J’ai ensuite collaboré avec la FIS comme chef de piste, deux ans avec les femmes et sept avec les hommes.

Si on comprend bien, en étant né à Adelboden, vous avez passé votre vie dans la neige?

C’est vrai! J’ai aussi ouvert une entreprise dans laquelle je vends du matériel pour le ski, que ce soient les gants, les chaussures, les casques. Enfin tout ce qu’il faut pour les skieurs. Nous avons plus de 2000 articles en ligne que l’on trouve sur notre site.

«Il y a de bonnes prévisions pour ces prochains jours, où la température va descendre en dessous de zéro. On devait avoir une belle piste et de belles courses»

Hans Pieren, responsable des courses d’Adelboden

Quels souvenirs gardez-vous de ces 28 ans dans la peau de chef de course d’Adelboden?

Je dois dire qu’en 28 ans, on a beaucoup lutté avec cette piste, avec le temps, les conditions et le budget pour que tout roule sur des roulettes. Cela n’a pas toujours été facile. On s’est beaucoup battu avec la température ces dernières semaines. Cette année, il y a beaucoup de neige artificielle, mais avec le retour de la chaleur et trois à quatre jours de pluie, cela n’a pas été évident. Cela dit, il y a de bonnes prévisions pour ces prochains jours, où la température va descendre en dessous de zéro. On devait avoir une belle piste et de belles courses.

Avec l’apparition du Covid, c’est évidemment plus compliqué…

Oui, car tous les jours, on a de nouveaux cas dans l’organisation, avec des personnes qui ne peuvent plus venir travailler. C’est un sacré challenge pour nous.

Parmi les neuf victoires suisses ici à Adelboden, laquelle est selon vous la plus belle?

Je ne peux pas dire laquelle j’ai préféré. Peut-être la victoire surprise de Marc Berthod, qui s’était imposé en 2007 avec le dossard 60. Maintenant, ce n’est pas à moi de juger les victoires: ici, elles sont toutes extraordinaires.

Vous qui connaissez cette Chuenisbärgli comme votre poche, vous n’avez jamais réussi à gagner ici durant votre carrière de coureur?

J’ai été deuxième derrière le Norvégien Furuseth, c’était déjà un sacré résultat, tout le monde ne peut pas en dire autant. Sinon, j’ai eu une cinquième place et plusieurs bons top 10.

«S’il pouvait y avoir une victoire suisse, avec Odermatt ou un autre samedi ou dimanche, ce serait la cerise sur le gâteau»

Hans Pieren, responsable des courses d’Adelboden

Pour votre dernière ici, quel serait pour vous le plus beau des cadeaux?

Que la piste soit déjà superbe et, surtout, qu’il n’y ait aucun accident à déplorer tout le week-end, qu’il s’agisse des coureurs, mais aussi de tous les volontaires qui nous aident sur la piste. Et s’il pouvait y avoir enfin une victoire suisse, comme Odermatt par exemple ou Yule ou un autre Helvète samedi ou dimanche, ce serait un joli point sur le i, ou si vous préférez la cerise sur le gâteau.

Hans Pieren est prêt à tirer sa révérence.

Hans Pieren est prêt à tirer sa révérence.

Manuel Lopez

Et à partir de lundi, ce sera la retraite. Quallez-vous faire ensuite?

Lundi ce ne sera pas fini pour moi. La course ne se termine pas avec le dernier coureur qui franchit la ligne. Il restera toutes les affaires administratives afin de préparer au mieux la prochaine édition et l’améliorer pour mes successeurs. Ce n’est qu’en juin que ce sera vraiment terminé pour moi.

Vous irez encore à Pékin, c’est exact?

Comme à PyeongChang, j’y vais pour la FIS en tant qu’expert et conseiller pour la piste.

La retraite attendra…

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