Chasse«Les quotas de tirs de chamois dans le Jura sont trop élevés»
Pro Natura estime que le chamois jurassien est victime d’une surchasse et mérite un moratoire. Les chasseurs plaident non-coupables.


Des chamois en lisière de forêt, un spectacle rare dans la Jura?
RTS – Capture d’écranDiffusé avant le Noël, le dernier communiqué de la section jurassienne de Pro Natura fait monter la température dans le Jura. Son prélude est pourtant poétique: «En balade en famille, observer une harde de chamois dans un pâturage ou croiser un bouc solitaire au bord d’un sentier en forêt reste un moment d’une grande émotion».
Problème, selon Pro Natura Jura: «Ces spectacles sont habituels dans le Jura vaudois, neuchâtelois ou bernois, mais pas dans le canton du Jura. En cause: la surchasse». Mandaté par l’association, le biologiste Gauvain Saucy a recensé des effectifs «très faibles», laissant même planer le spectre d’une disparition de l’espèce.
350 individus
Supervisée par l’Université de Neuchâtel, cette étude évalue la surface d’habitat favorable au chamois est à 439 km² dans le canton. Avec une densité admise de 10 individus pour 100 hectares, la population cantonale devrait avoisiner les 4400 animaux. Or, l’effectif cantonal le plus élevé recensé ces dix dernières années s’élève à 350 individus.
La faute à qui? «Les recherches démontrent que le taux de prélèvement de chamois par les chasseurs au cours de la dernière décennie s’avère supérieur au taux d’accroissement de la population», affirme Pro Natura, selon qui «les quotas de tirs actuels dans le Jura sont trop élevés», alors que «tous les autres cantons adoptent un taux de prélèvement qui suit l’évolution de l’effectif de leur population».
Plus de mâles
Les chasseurs jurassiens sont aussi accusés d’abattre «deux fois plus de mâles que de femelles». Ce déséquilibre représente un risque pour la viabilité à long terme de la population, mais un nombre restreint de boucs reproducteurs débouche aussi sur un appauvrissement génétique.
Pro Natura Jura demande la mise en place d’un moratoire sur la chasse au chamois d’au moins cinq ans. «C’est une attaque contre la chasse», s’est insurgé hier Jean-Luc Berberat, président Fédération cantonale jurassienne des chasseurs, dans le «12h45» de la «RTS».
Par cinq
L’Office jurassien de l’environnement procède à des comptages qui contredisent ceux de Pro Natura: selon les données cantonales, la population de chamois dans le canton a été multipliée par cinq en 40 ans.
Chef de l’Office de l’environnement, Patrice Eschmann l’a dit à la «RTS»: «Toutes les personnes qui se baladent dans la forêt jurassienne constatent une bonne présence de cette espèce». À vérifier lors d’une balade…