Karin Keller-Sutter«Les crises ne se succèdent pas, elles se superposent»
La conseillère fédérale ne croit pas à une fin rapide du conflit en Ukraine. Elle estime également que la Suisse devra faire face à d’autres gros défis dans les mois à venir.

La cheffe du Département fédéral de justice et police se prépare à un automne difficile.
Archive 2021/AFPLa Russie a de nouveau largué une pluie de bombes sur les villes ukrainiennes ces derniers jours. Personne ne s’attend plus à ce que la guerre se termine rapidement, y compris la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP), Karin Keller-Sutter.
Dans un entretien au «SonntagsBlick», la conseillère fédérale estime probable que les fronts se durcissent et que l’on assiste à une guerre d’usure dans l’est et le sud de l’Ukraine. Jusqu’à aujourd’hui, 58’391 personnes ayant fui la guerre en Ukraine ont obtenu le statut de protection S en Suisse. Actuellement, les demandes d’asile d’Ukrainiens sont en baisse. «Quelque 100 requêtes sont actuellement traitées par jour, contre 1800 il y a encore quelque temps. Mais il est toujours possible que cela augmente à nouveau», indique-t-elle.
Les spectres du Covid et de l’inflation
Cependant, l’invasion russe en Ukraine n’est pas le seul défi auquel est confrontée la Suisse, selon la ministre saint-galloise: «Nous vivons une époque où les crises ne se succèdent pas, elles se superposent.» La pandémie de Covid-19 pourrait en effet faire un retour marqué cet automne en Suisse. En parallèle, une crise énergétique se profile.
À cela, il faut ajouter des chaînes d’approvisionnement interrompues qui créent des pénuries de biens importants et l’inflation. «La situation économique mondiale n’a jamais été si fragile depuis longtemps», constate Karin Keller-Sutter qui se demande combien de temps durera la solidarité avec les réfugiés s'il y a une récession dans l'Union européenne.