Certificat Covid au travailAppels à l’aide et à la clarification du côté des organisations économiques
L’extension de l’usage du certificat Covid satisfait une majorité des associations patronales et syndicales. Mais son usage en entreprise risque de s’avérer problématique.

Le certificat Covid sera obligatoire pour aller au restaurant, notamment.
20min/Celia NoglerLes expériences faites dans d’autres pays montrent que l’obligation de présenter un certificat peut entraîner, dans l’hôtellerie-restauration ou d’autres branches, des pertes de chiffre d’affaires. Avec des risques pour l’emploi. Or, l’annonce par le Conseil fédéral, mercredi, de l’extension du certificat Covid aux restaurants et autres lieux publics fermés coïncide peu ou prou avec la fin des procédures facilitées pour l’introduction des réductions de l’horaire de travail (RHT), dénonce l’Union syndicale suisse. Un discours pas si éloigné de celui de l'Union patronale suisse, qui demande que le Conseil fédéral examine également en temps utile la prolongation des aides économiques existantes.
La centrale syndicale craint aussi que l’usage du certificat Covid au travail suscite des malentendus et de faux espoirs chez certains patrons qui pourraient être tentés de renoncer à certaines mesures de protection. Elle dénonce aussi le fait que le choix soit laissé aux employeurs d’introduire le certificat. «Cela aurait dû être le rôle des autorités de réglementer de manière précise l’utilisation du certificat au travail, afin d’assurer que les normes respectent la proportionnalité et valent pour tout le monde», regrette l’USS.
Certificat: usage parcimonieux en entreprise
De son côté, la Fédération des Entreprises Romandes (FER) rappelle qu’elle était favorable à l’extension de l’usage du certificat. «Nous ne pouvons envisager de revivre la fermeture de pans entiers de l’économie», relève Blaise Matthey, secrétaire général. La FER voit toutefois des limites à la possibilité offerte aux entreprises de demander à leurs employés de le présenter. La mesure est justifiée lorsque l’activité nécessite un contact étroit avec de la clientèle ou patientèle. En revanche, elle n’y est pas forcément favorable s’agissant «d’activités permettant de respecter les distances».
Pour Travail.Suisse, il ne faut pas «laisser à l'arbitraire des employeurs» le soin de décider si un certificat est introduit et comment il est appliqué. La protection des données ne peut être garantie et le potentiel de discrimination est trop important, estime la faîtière. «Il est crucial que le droit des salariés à s'exprimer sur la certification obligatoire ne reste pas lettre morte et que les coûts des tests soient supportés par les employeurs», indique le président de l’organisation syndicale Adrian Wüthrich.
Vive opposition des petits patrons et de la restauration
Mais tous les partenaires sociaux ne sont pas unanimes. L’Union suisse des arts et métiers (USAM), par exemple, redit son opposition à l’extension d’une mesure «disproportionnée et inappropriée». Selon elle, «les expériences faites à l’étranger montrent qu’il n’existe pas de lien empirique entre le certificat obligatoire et la baisse du nombre des hospitalisations». En revanche, l’organisation exige du Conseil fédéral qu’il axe sa politique sur les contrôles au retour de l’étranger: «Il est prouvé qu’une grande majorité des personnes hospitalisées sont des personnes de retour de vacances et non vaccinées», explique l’USAM.
«Aujourd'hui, c'est l'hôtellerie-restauration qui paie les pots cassés», s’insurge Casimir Platzer, président de GastroSuisse. Pour l’association de l’hôtellerie-restauration, la campagne de vaccination a échoué, les vacanciers de retour au pays ont été autorisés à rentrer sans avoir effectué de tests et trop peu de mesures ont été prises pour fournir des capacités supplémentaires dans le domaine de la santé. Elle craint aussi que de nombreuses réunions et manifestations ne se déplacent désormais vers la sphère privée, où il n'existe aucun plan de protection.
L’enjeu de la vaccination
Pour EconomieSuisse, l’obligation de présenter un certificat Covid doit être temporaire et ne pas s’inscrire dans la durée. «Afin qu’elle puisse être levée au plus vite, il est important de poursuivre de toutes nos forces les efforts de vaccination», indique Cristina Gaggini, directrice romande de la faîtière des grandes entreprises. Elle lance notamment un appel aux employeurs afin qu’ils autorisent leurs employés à se faire vacciner pendant les heures de travail. «Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les obstacles à la vaccination soient aussi faibles que possibles», martèle-t-elle. Un discours qui devrait réjouir l’USS, qui exige précisément que les employés disposent de temps pour se faire vacciner.