CommentaireTravailler le dimanche: la quête du Graal pour le PLR
La nouvelle tentative à Berne de libéraliser les ouvertures le dimanche pourrait rapporter quelques milliards de francs supplémentaires au commerce de détail.


Pour le PLR, toutes les petites épiceries devraient pouvoir travailler le dimanche.
Getty ImagesDieu créa le monde en six jours, et le septième il se reposa. Les milieux libéraux ont toujours eu de la peine avec cette version de la Création. Non, Dieu ne s’est pas reposé le septième jour. Il est allé à l’épicerie du coin pour acheter de quoi manger. Il fallait bien que quelqu’un s’occupe de la subsistance ce jour-là. Qui d’autre que l’homme qu’il avait créé la veille à son image, avec un estomac?
En fin d’année dernière, le conseiller national Philippe Nantermod (PLR/VS) a déposé une motion demandant que l’interdiction de travailler le dimanche soit assouplie pour les épiceries de taille modeste. Actuellement, seules les petits commerces gérés par du personnel familial ont le droit d’ouvrir le jour du Seigneur. Le Valaisan a repéré là une indéniable inégalité de traitement incompatible avec l’idéal libéral.
Filippo Lombardi, le précurseur
Le thème de l’ouverture des magasins a déjà une longue histoire au Parlement à Berne. En 2012, le Tessinois Filippo Lombardi (PDC/TI) avait voulu libéraliser au plan suisse les horaires des magasins: de 6 h à 20 h la semaine et jusqu’à 19 h le samedi. Sa motion avait été acceptée, puis les Chambres s’étaient renvoyé un projet de loi fédérale jusqu’en 2016, où le Conseil des États l’avait finalement coulé. Et en plus, il ne touchait pas au dimanche.
Dans cette nouvelle tentative de libéralisation, le PLR valaisan vise une victoire d’étape en inversant le principe. Aujourd’hui, il est interdit de travailler le dimanche, sauf exceptions, qui sont nombreuses. Demain, il sera permis de travailler le dimanche, sauf exceptions qui seront les moins nombreuses possibles pour éviter ces fameuses inégalités de traitement.
Pourquoi pas? En finir avec l’interdiction de travailler le dimanche, c’est un peu la quête du Graal dans les milieux libéraux. Du point de vue du commerce de détail en Suisse (chiffre d’affaires 100 milliards), cela pourrait correspondre à une progression de 3 à 4%, soit 3 ou 4 milliards. C’est toujours bon à prendre. Mais attention, pour le Graal, seul un chevalier chrétien au cœur pur peut l’atteindre. En tout cas pas un qui travaillerait le dimanche.