FootballEmmené par un génial Imeri, Servette terrasse YB
Les Grenat souffrent avant la pause. Et profitent ensuite de l’expulsion de Martins pour s’imposer à Berne en renversant la vapeur. Gros exploit.


Le Servettien Imeri a été l’auteur d’un doublé à Berne.
Eric-LafargueBien sûr, si Martins n’avait pas été expulsé à la 45e minute, laissant YB à dix face à Servette pour la seconde période, tout aurait peut-être été différent. Dans ses petits souliers, Servette était rentré au vestiaire mené 1-0 et savait qu’il allait devoir réagir pour profiter de la supériorité numérique. C’est ce qu’il a fait. Grâce à Imeri. Grâce à un Cognat retrouvé, grâce à un coeur gros comme ça. Et les Grenat ont tout inversé: la tendance, la hiérarchie, tout. Jusqu’à s’offrir une victoire, la troisième de suite. Fou.
Pourtant, rien ne laissait présager ce troisième bonheur consécutif. Servette n’avait pas encore franchi le milieu de terrain balle au pied quand Young Boys a ouvert le score. C’était la dixième minute, dix minutes en enfer, une punition logique pour ces Grenat qui subissaient sans révolte la suffocante pression bernoise. Bloc bas, attitudes passives, intensité qui faisait défaut: une aubaine pour YB.
C’est Ngamaleu qui a initié la curée, avec une passe parfaite pour Kanga. Deux soucis après: Vouilloz, au contact, qui est pris avec son positionnement trop laxiste (il fera bien mieux après la pause); Frick, qui ne ferme pas le premier poteau (il sauvera Servette ensuite). Bref, une entame de match complètement manquée, une punition logique. YB pouvait reprendre aussitôt sa domination.
Aussitôt? Le temps de se faire une demi-frayeur sur un tir de Kyei. Le temps surtout de trembler fort dans la foulée, à la 15e minute. Ce Servette qui n’existait pas a pu compter sur Imeri pour une passe géniale vers Stevanovic. Le Bosnien filait seul, pour affronter Faivre en un contre un. Problème: s’il est un passeur décisif extraordinaire, il n’est pas vraiment un finisseur chirurgical. Alors il ratait cette immense occasion d’égaliser, tombée du ciel tant YB allait reprendre sa domination.
Servette à 11 contre 10
Petit à petit, Servette tentait tout de même de mettre le nez à la fenêtre. Notamment grâce à Cognat, qui portait la balle pour permettre au bloc grenat de remonter. Martins allait souvent à la faute, jusqu’à prendre un carton jaune à la 23e. Cela aura son importance…
Tout cela ne freinait pas les ardeurs bernoises. Il aura fallu un miracle pour que le centre de Mambimbi passe devant tout le monde sans qu’aucun Bernois ne le pousse au fond (22e). Il aura fallu un arrêt réflexe de Frick sur une tête de Lefort. Mais Servette allait avoir une chance en rupture juste dans les secondes suivantes.
Parti en contre, Cognat accélérait pour donner à Diallo un ballon parfait, avec un surnombre grenat: une grosse occasion en vue. Mais la passe était aussi simple qu’elle fût totalement manquée. Avec quelques autres erreurs qui ont rythmé sa première période, c’était peut-être celle de trop. Sauthier le remplacera à la pause.
Mais avant, autre fait de match, capital. Martins, vous vous souvenez? Alors que Cognat filait en rupture à la 45e, le milieu bernois le fauchait. Deuxième jaune indiscutable, expulsion. Servette allait jouer à onze contre dix.
Une supériorité numérique en seconde période? C’est le même scénario qu’à la Tuilière face à Lausanne dimanche passé. Servette avait marqué trois buts. Face à YB, une autre musique. Même à dix, les hommes de Wagner connaissent la musique.
Imeri insolent de talent
Mais avec un joueur de plus, il est plus simple d’avoir le ballon. Servette a gentiment dominé, puis s’est installé dans le camp d’YB. Il y a eu ce tir d’Imeri d’abord, touché de la main par Sierro sans que ni l’arbitre ni la VAR ne s’en inquiètent. Mais il y a eu aussi ces déboulés d’Elia ou de Ngamaleu en contre. Le vent avait pourtant tourné. Après sa vilaine première période, Servette avait repris des couleurs, être un de plus, ça aide.
Passé peu après la pause dans une sorte de 4-4-2 qui valait mieux que ce 4-5-1 d’avant, les Servettiens avaient la possibilité de jouer plus haut.
C’est Rodelin qui a vu Cognat, qui glissait à Kyei. Camara le retenait dans les seize mètres: penalty clair. C’est Imeri qui transformait à la 67e (cinquième but sur les cinq derniers matches). Fort!
Plus fort encore à la 79e minute. Kastriot Imeri a posé le ballon du coup-franc obtenu par Rodelin avec une idée en tête. Elle a pris la forme de cette balle travaillée au premier poteau, qui laissait Faivre pantois, un coup-franc génial.
Génial, c’est le mot pour Imeri. Il a inspiré toutes les occasions servettiennes, qui ont existé. Il a été omniprésent, insolent de talent. Quand Stevanovic se rate (pas d’assist, une énorme occasion manquée), il y a Imeri, ou Cognat, ou Valls qui sont très présents. Ou Sasso intraitable derrière. Une équipe, quoi.