Guerre en UkraineMais à qui peut bien appartenir ce mégayacht?
Amarré sur les côtes italiennes, le «Shéhérazade» vient de changer d’équipage, alimentant les spéculations autour de son appartenance au clan de Poutine.

Estimé à 650 millions de francs, le yacht de 140 mètres de long abrite deux héliports, une piscine, un cinéma et une batterie anti-drones.
AFPIl porte le nom d’une princesse persane qui sauve le roi Chahriar de sa rage meurtrière: le mégayacht «Shéhérazade» est stationné depuis plusieurs mois en Toscane dans le chantier naval de la société The Italian Sea Group pour maintenance. Impossible de l’approcher. Aucun signe manifeste d’activité à bord. Des hommes s’affairent autour mais la marina est encore peu animée en cette période de l’année.
Enquête en cours
Comme tous les habitants ici, Cesare Cucurnia, un retraité de 83 ans, suit l’affaire de près. «On ne sait pas à qui il est, ni à qui il n’est pas. Sûrement pas à un pauvre. Probablement à Poutine», avance-t-il en se promenant sur le port.
Une enquête de la police financière italienne est en cours, qui pourrait rendre ses conclusions dans les jours à venir, a indiqué une source proche des investigations. «Il n’est pas toujours facile d’attribuer la propriété» d’un bateau, d’autant que les montages légaux en poupées gigognes rendent difficiles l’identification du véritable propriétaire ou bénéficiaire, a expliqué cette source.
Coïncidence douteuse
Selon des informations de presse, le «Shéhérazade», qui bat pavillon des îles Caïmans, appartient à une société enregistrée aux îles Marshall. Son capitaine est britannique mais le reste de l’équipage était russe, du moins jusqu’à récemment, affirme l’équipe du dissident russe Alexeï Navalny qui, dans une vidéo postée sur YouTube lundi, attribue ce monstre des mers à Vladimir Poutine. Elle se fonde notamment sur une liste d’hommes d’équipage comportant plusieurs membres du FSO, le service fédéral russe de protection des personnalités.
Coïncidence ou manœuvre désespérée pour dissimuler l’origine du bateau, tout l’équipage a été remplacé ces derniers jours. «L’équipage était exclusivement composé de personnel russe. Et tout à coup, tout le personnel a été échangé pour un équipage de nationalité britannique», explique à Paolo Gozzani, secrétaire général de la confédération syndicale CGIL à Massa. Le syndicat s’inquiète des répercussions des sanctions sur l’économie et l’emploi de la ville, villégiature de nombreux Russes fortunés.
D’après le quotidien américain New York Times, Washington a bien recueilli des indices associant le président russe au luxueux navire, lequel aurait effectué deux voyages, en 2020 et 2021, vers la station balnéaire russe de Sotchi, sur les rives de la mer Noire.
Démenti italien
Faux, rétorque The Italian Sea Group. «La propriété du ‘Shéhérazade’ ne peut être attribuée au président russe Vladimir Poutine», a réagi dans un communiqué l’entreprise, qui dit s’appuyer sur «la documentation en sa possession et les résultats des vérifications menées par les autorités compétentes».
Le capitaine du «Shéhérazade», interrogé par le New York Times, a déclaré n’avoir jamais vu le président russe à bord, sans toutefois vouloir identifier son propriétaire, expliquant être lié par son devoir de réserve.
Dans une adresse au Parlement italien mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé l’Italie à saisir tous les biens financiers et immobiliers des oligarques, «du Shéhérazade au plus petit» navire. Sans identifier le propriétaire du mégayacht.