FootballÀ Sion, comme un goût de reviens-y
Même en perdant 3-0 contre Young Boys, les Valaisans entretiennent l’espoir d’une saison plus proche de la lumière que de l’ombre. Tant qu’il est là, autant jouer de ce sentiment intriguant.


Peut-être que tout un renouveau tient en un geste. Ou peut-être que le futur fera voler la symbolique en éclat. Le geste en question, c’est ces applaudissements, ces félicitations de Paolo Tramezzani à Denis Iapichino. Le latéral sédunois vient de reporter un duel en tant que dernier défenseur avec un certain panache, et sans doute d’éviter un nouveau but à ses couleurs. Le truc, c’est que le FC Sion est condamné à la défaite depuis un moment déjà, et tout le monde commence à le comprendre. Young Boys mène 2-0, les minutes filent, l’espoir meurt lentement. Mais voilà, dans cette équipe qui avait pris l’habitude de se crisper dans pareilles situations par le passé, souvent de passer sa rage sur l’arbitrage, il y a cette fois eu cet élan de positivité de son coach. Ce petit geste de rien. Qui peut dire beaucoup.
La chanson est pourtant connue à Tourbillon. Les débuts de saison apportent l’espoir, la suite les problèmes. Quel que soit le scénario des prochains mois, rupture ou prolongement, on vit la période qu’il convient de savourer si l’on est amateur du FC Sion. Même moyennement convaincant à Lugano il y a une semaine, même battu 3-0 par Young Boys dimanche, les Valaisans laissent derrière eux cette traînée magique, ce goût de reviens-y. C’est intriguant, ça marche. Pour combien de temps?

Les trois enseignements
On peut perdre une rencontre de Super League 3-0 et s’en satisfaire. Pas complètement, pas en se tombant dans les bras ou en fanfaronnant, mais tout de même. Sans doute parce qu’il y a eu deux matches dimanche à Tourbillon. Le premier a duré cinq minutes et a été écrasé par YB (doublé de Wilfried Kanga). Le second s’est allongé jusqu’au coup de sifflet final et a ressemblé à une magnifique passe d’armes. Celui-ci, Sion avait largement les moyens de le gagner. D’ailleurs, les Valaisans n’ont de loin pas reçu les sifflets de leur public après la partie, ce qui s’est déjà produit après des revers bien moins larges. Une certaine fierté pouvait se lire tant sur les visages des joueurs que celui de Paolo Tramezzani. Ça ne vaut pas de points, mais ça entretient l’espoir. Bon compromis pour un mois de juillet.
Ça tient à un penalty manqué d’Antonio Marchesano, à un poteau de Filip Stojilkovic, à rien du tout. En 270 minutes (avec le match européen de jeudi), Young Boys n’a toujours pas encaissé le moindre but depuis la reprise. Oui Young Boys, cette équipe qui avait traversé 16 rencontres consécutives la saison dernière sans un seul blanchissage. Joli signal en vue de la reconquête du titre. En attendant, la charnière centrale bernoise (Camara-Lustenberger dimanche) continue de montrer quelques signes de fébrilité. YB a quelque chose d’impressionnant, mais pas d’intouchable. Pas encore.
Jusqu’où les deux buts tombés sans attendre faussent-ils l’analyse du match? La question doit être gardée à l’esprit. Une fois la réserve émise, il faut accorder au FC Sion la constance de sa performance. Le deuxième quart d’heure était de loin le plus abouti des Valaisans. Reste qu’ils ont su exister sur la durée, à quatre ou à cinq défenseurs. La cassure est nette avec la saison dernière, où le bouton «On» était généralement activé une fois par rencontre, pour quinze à trente minutes d’animation au milieu du désert. Cela reste un instantané, qu’il faudra valider week-end après week-end.
Les meilleurs à Tourbillon

Fabian Rieder au premier plan, Denis-Will Poha au second.
Pascal Muller/freshfocusLe cas de figure risque de se représenter quelques fois cette saison: difficile de trier le bon du moins bon dans l’offensive d’YB tant la qualité est partout. Fabian Rieder, qui profite à merveille de ses libertés à la pointe du losange bernois, était sans doute encore un cran au-dessus. Gros match de la paire offensive Kanga-Itten.
Côté valaisan, le transfuge Denis-Will Poha, impliqué et talentueux, est en train de se faire sa place par l’exemple. Les efforts vains de Filip Stojilkovic méritent une mention. Comme la performance autoritaire et généreuse de Dimitri Cavaré, qui a eu la mauvaise inspiration d’offrir le 3-0 final.
Le moins bon

Rien ne sera offert offensivement au FC Sion cette saison. En tout cas tant que Mario Balotelli n’est pas Sédunois. Alors il faudra qu’Itaitinga se montre un peu plus inspiré si son équipe ne veut pas se retrouver dépendante des coups de pied arrêtés pour faire la différence. Match insuffisant du Brésilien, qui possède le potentiel de faire dix fois mieux. Son profil est particulier, mais la concurrence peut le rattraper.
La décla’
«Avec Dimitri, on est issus de la même île. Le courant passe dans notre paire. Il m’aide, me conseille, je sais que je peux m’appuyer sur lui.»
L’hommage
Pas un bruit n’a résonné dans tout Tourbillon lors de la minute de silence consacrée à la mémoire de Thierry Saudan. L’homme qui gérait de main de maître le Gala du FC Sion a disparu lundi dernier, à 49 ans.
L’avenir en une question
Les Bernois détiennent eux-mêmes le record du nombre de buts inscrits en une saison de Super League: 99 en 2018/2019. La saison est longue, mais leur potentiel offensif ouvre la porte au rêve. Alors:
Young Boys peut-il passer la barre des 100?
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