Prison ferme pour un entrepreneur bidon

N’est pas entrepreneur qui veut. Après être parti en faillite plusieurs fois au détriment de nombreux créanciers, un artisan qui s’est improvisé patron a écopé de 14 ½ mois ferme devant le Tribunal régional Jura bernois – Seeland, comme l’a indiqué «Le Journal du Jura».

Dans le vallon de St-Imier, un propriétaire n’est pas resté les bras croisés devant les malfaçons et l’inachèvement de la rénovation de sa maison: il s’est retourné contre l’artisan incapable de diriger un chantier. Ce dernier n’est pas près d’encaisser à nouveau des acomptes sans effectuer les travaux: la peine de prison est assortie d’une interdiction d’exercer dans le domaine de la construction en tant qu’indépendant pendant au moins cinq ans. Ses dettes totalisent 380’000 francs.

«Vous avez de bonnes mains et êtes capables d’être un bon employé. C’est sûrement mieux que d’être un très mauvais indépendant», a dit au prévenu la présidente du Tribunal Maryvonne Pic Jeandupeux, en retenant la prévention d’abus de confiance. À 40 ans, le prévenu au bénéfice d’un permis C est aussi condamné pour n’avoir pas tenu de comptabilité et ne pas avoir payé de cotisations sociales. Il a aussi conduit sans permis et employé trois étrangers interdits de travail ou déboutés.

Le maître d’ouvrage n’est pas non plus sorti grandi de ce procès, lui qui a engagé pour terminer des travaux bâclés l’employé d’une entreprise en déconfiture. Un escalier était à moitié monté, la dalle de la terrasse n’était pas étanche… «Il ne vous a pas trompé», a précisé la présidente du Tribunal à l’adresse du plaignant qui pensait obtenir des prestations à un prix bien en dessous du marché.

«C’était mon premier chantier comme indépendant, quand j’ai fait le devis, c’est possible que j’aie mal calculé», a expliqué le prévenu aux trois juges du Tribunal régional Jura bernois – Seeland. Et réalité, ce quadragénaire marié depuis l’an dernier et établi chez ses parents a utilisé une partie des acomptes reçus pour des dépenses personnelles, comme l’a relevé le procureur Pascal Fischer.

Basé à Delémont, l’entrepreneur indélicat a déjà été condamné à neuf reprises pour vol, filouterie d’auberge, détournement de valeurs patrimoniales, conduite sans permis et violation d’entretien… Ce qui a fait dire au procureur, cité par le «JdJ»: «Vous êtes un prédateur économique et un véritable parasite».