CommentaireDes leçons en Suisse sur les élections espagnoles
À commencer peut-être par ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.


Couleurs ibériques et helvétiques.
Getty Images/iStockphotoC’est peu dire que le résultat des élections espagnoles du week-end dernier était attendu. L’annonce d’une victoire de la droite traditionnelle alliée à l’extrême droite faisait déjà rêver jusqu’en Suisse dans les officines affiliées. Le retour de la droite franquiste au pouvoir, voilà un avertissement sérieux pour les sociaux-démocrates de tout poil! Pour les proeuropéens, les wokistes, les véganes, les activistes du climat, les transgenres et les migrants.
Et bien, il n’en a rien été. Alors que les sondages le donnaient en progression, le parti ultra-conservateur Vox a perdu 19 sièges sur les 52 qu’il détenait. Après les élections en Finlande, en Suède ou en Italie, ces législatives espagnoles marquent un coup d’arrêt à la vague nationaliste et conservatrice qui touche le continent.
En Suisse aussi ce résultat a valeur d’enseignement. Depuis plusieurs sondages, l’UDC est donnée gagnante des élections fédérales d’octobre 2023 avec une progression de 2,3% au dernier sondage Tamedia/20 minutes. Le premier enseignement est que les sondages n’engagent que ceux qui les croient (et rarement ceux qui les font).
Le second, c’est que depuis la présidence de Marco Chiesa, l’UDC a intégré de plus en plus le discours de l’extrême droite européenne (du style Vox en Espagne ou l’AfD en Allemagne). L’UDC conserve certes une assise électorale agrarienne et patriote, mais elle a clairement choisi de durcir le ton et de faire de la surenchère durant la législature qui s’achève. On verra les fruits de ce choix dans les urnes. À moins d’une surprise, comme en Espagne.