Football – Gavranovic: «Ce but contre la France, je ne peux pas l’oublier»

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FootballGavranovic: «Ce but contre la France, je ne peux pas l’oublier»

Homme providentiel à Bucarest le 28 juin à l’Euro (le 3-3), il est toujours joker en équipe de Suisse. Et si on pensait à lui plus souvent?

Daniel Visentini
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Daniel Visentini

Inoubliable. Historique. Enivrant. Exceptionnel. Il est des instants qui se gravent pour toujours dans les mémoires et qui sont associés à un bonheur indicible, pour l’éternité. Le but de Mario Gavranovic, ce 3-3 qui a propulsé la Suisse en prolongation contre la France, en 8e de finale de l’Euro à Bucarest, le 28 juin, est ce moment-là où tout a basculé. La Suisse ne savait pas encore qu’elle allait éliminer les Tricolores champions du monde en titre aux tirs au but, mais elle venait de s’en offrir le doux rêve.

Revoir la scène. La première minute des arrêts de jeu. Dix minutes plus tôt, Seferovic, sur un centre de Mbabu, avait rallumé une flamme que l’on croyait éteinte depuis le 3-1 de Pogba à la 75e minute. Balayée la danse si bêtement arrogante du Français. Il y avait 3-2 à la 81e. Et dès le début des arrêts de jeu, il y a eu ce moment de pure grâce.

Le but le plus important

Un ballon gratté par Fassnacht dans les pieds de Pogba (tiens, le karma?), un ballon qui file vers Xhaka: la science du jeu ensuite du capitaine. Il temporise. Il attend la position parfaite de Gavranovic, qui était entré à la 73e minute. La fenêtre de passe s’ouvre. C’est chirurgical: la balle fuse dans les pieds du buteur. Contrôle, puis crochet intérieur qui laisse Kimpembe sur les fesses. Et cette frappe. Oui, cette frappe croisée qui termine dans le petit filet de Lloris. Extase.

«Je crois bien que c’est là le but le plus important de ma carrière, ce but contre la France, je ne peux pas l’oublier», sourit Gavranovic. À la Pontaise, il prépare le Suisse - Irlande du Nord de samedi. Le poussif 0-0 de Belfast, le mois dernier, doit être effacé. Alors forcément, on pense à lui. À ce but du 28 juin. Et lui? Y pense-t-il souvent?

Morceau d’histoire inoubliable. Le 28 juin, à l’Euro, Mario Gavranovic inscrit le 3-3 contre la France en huitième de finale. Et rend la qualification qui suivra possible après les prolongations et les tirs au but victorieux.

Morceau d’histoire inoubliable. Le 28 juin, à l’Euro, Mario Gavranovic inscrit le 3-3 contre la France en huitième de finale. Et rend la qualification qui suivra possible après les prolongations et les tirs au but victorieux.

AFP

«Les gens s’en souviendront»

«J’avoue que dans la semaine qui a suivi l’Euro, quand nous sommes rentrés, j’ai repassé cette scène à plusieurs reprises à la TV, s’amuse-t-il. Mais ensuite, plus du tout. On m’en parle encore souvent, de ce but. Moi, j’y pense parfois, comme cela, mais sans en faire une fixation. Je veux croire que les gens s’en souviendront longtemps.»

Pour être le but qui a permis à la Suisse de jouer les prolongations, d’arriver aux tirs au but et d’éliminer la France, il est inoubliable. Point à la ligne. Pourtant, cela n’a pas changé le statut de Mario Gavranovic avec la Suisse. Il semble toujours être à 31 ans le joker, un rôle dans lequel il est diablement efficace. Or, quand on daigne le titulariser, il peut se montrer pareillement décisif. Souvenir de l’Allemagne - Suisse de la Ligue des nations. Le 3-3 à Cologne. Titulaire au côté de Seferovic, il inscrit deux buts.

Accepter les choix

«Évidemment, je suis comme tout le monde, dit-il. Chaque joueur qui arrive en sélection a la volonté de jouer, d’être titulaire, décisif. Mais je me concentre sur les seules choses sur lesquelles je peux avoir de l’influence: mes performances. Le choix, ce n’est pas moi qui le fais à la fin. Mais je crois avoir toujours montré qu’on pouvait compter sur moi.»

C’est vrai. Vladimir Petkovic n’est plus là. Avec Murat Yakin à la barre, redistribution des rôles possible? L’entraînement de ce mercredi a plutôt laissé voir une place devant pour Embolo, avec Shaqiri à côté ou légèrement derrière, dans une sorte de 4-4-2. Gavranovic reste calme. Voilà un saint pour un sélectionneur: il ne fera jamais de vagues, il est à disposition et il s’exprime sur le terrain quand on fait appel à lui.

Le départ en Turquie

Mais il a du caractère. Depuis janvier 2018, il était à Dinamo Zagreb. En ce début de saison, il a senti qu’on ne lui faisait plus confiance (30 minutes en six matches). «On m’alignait peu, on mettait d’autres joueurs à ma place, soupire-t-il. Alors j’ai voulu partir.» Il est passé en Turquie, dans le modeste club de Kayserispor, à la mi-août. Malheureusement, c’est avec la Suisse qu’il s’est blessé au mollet début septembre, lors du premier entraînement.

«C’est bon, maintenant c’est derrière, j’ai pu jouer un peu le week-end passé (ndlr: douze minutes contre Trabzonspor). Je ne considère pas ce transfert comme un pas en arrière. Je me sens en forme. Prêt à aider la Suisse.»

Aider, c’est faire sauter le verrou Nord-Irlandais, se ménager des occasions, les concrétiser. Tout ce qui a manqué le mois passé à Belfast où, à part le penalty manqué par Seferovic, il n’y a même pas eu d’occasions pour tout dire.

Intensité et précision

«C’est vrai, nous avons eu des problèmes, notamment dans les derniers mètres, reconnaît-il. Comme j’étais blessé, j’ai regardé cela à la télé. Il y avait toujours un mauvais contrôle dans cette zone et c’était problématique. Je crois qu’il nous faut élever le rythme, trouver les espaces entre les lignes, jouer plus vite. Nous avons bien sûr le potentiel pour tout ça. Et nous jouerons à la maison cette fois, avec le soutien du public, à Genève.»

Avec ou sans Mario Gavranovic sur le terrain au coup d’envoi? Avec un but important du Tessinois à la clé? Réponse samedi soir.

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