CoronavirusComment de jeunes écoliers genevois ont propagé Omicron
Une étude montre que la transmission a été bien plus élevée en milieu scolaire avec ce variant qu’avec les autres et que les enfants contaminaient aussi leur famille.


Trois jours après le premier cas détecté à l’école, il y en avait dans les quatre classes étudiées. Image d’illustration.
Getty ImagesLa propagation du coronavirus par les petits enfants est un phénomène méconnu et peu étudié. Notamment parce que le virus a, la plupart du temps, eu peu d’impact symptomatique chez les plus jeunes, qui n’ont donc pas été une cible de préoccupation prioritaire. Les Hôpitaux universitaires de Genève lèvent un coin de voile sur leur rôle dans la transmission du virus grâce à une enquête menée lors d’une épidémie dans une école primaire genevoise. Les personnes infectées l’ont été par le variant Omicron.
Il s’agit d’une enquête de suivi dans quatre classes de primaire d’une école, concernant des enfants de 3 à 7 ans ainsi que les enseignants et le personnel de l’établissement. Le premier cas de contamination par Omicron a été décelé le 10 janvier 2022, soit le lendemain de la rentrée des vacances d’hiver, explique l’étude parue le 14 avril dans «The Lancet». Des tests ont été pratiqués sur tout le monde 3 et 7 jours après. Des tests supplémentaires ont été faits sur des personnes présentant des symptômes plus de 7 jours après.
27 enfants positifs sur 59
Trois jours après ce premier cas, 5 des 12 enfants de la classe A étaient positifs, 2 sur 13 dans la classe B, 9 sur 16 dans la C et 11 sur 18 dans la D. Seuls deux enfants avaient été vaccinés, avec une seule dose, et les deux ont été testés positifs. Des données plus anciennes montraient que 19 des enfants avaient précédemment développé des anticorps au virus sans vaccin ou avaient déjà été testés positifs avant le début de l’épidémie d’Omicron. 17 ont à nouveau été testés durant cette étude et 5 étaient positifs.
Chez les adultes, 5 des 10 enseignants ont été positifs et 1 des 5 membres du personnel de l’école. Parmi ces 15 personnes, 2 n’étaient pas vaccinées et ont été infectées.
15 des 24 familles infectées
L’enquête s’est ensuite étendue aux familles des enfants positifs. Des infections ont été trouvées dans 15 des 24 ménages et chez 27 personnes sur 54. En excluant ceux qui avaient été testés positifs juste avant l’épidémie et deux des 54 personnes qui n’ont pas été testées, l’étude a montré que deux des trois personnes qui n’étaient pas vaccinées ont été contaminées, deux sur les six qui avaient reçu une ou deux doses de vaccin et 13 sur les 30 qui avaient reçu une dose de rappel. Cela soutient «l’idée que cette variante est hautement transmissible même parmi les personnes complètement vaccinées», disent les auteurs de l’étude.
Rappelons que le rôle premier du vaccin est de limiter la gravité des symptômes et qu’une récente étude, genevoise également, a également montré qu’il diminuait non pas tant le risque d’être contaminé, mais la charge virale des personnes, Mais seulement après la troisième dose lorsqu’il s’agit d’Omicron. Dans le cas de cette étude dans l’école genevoise, 25 des 31 enfants (écoliers et frères et sœurs) avaient des symptômes, ainsi que 19 des 22 adultes (personnel de l’école et parents), quel que soit le statut vaccinal de ces derniers. Aucune hospitalisation n’a toutefois dû être nécessaire.
Isolement raccourci le 13 janvier
L’épidémie dans cette école et dans les familles concernées a donc été importante. Les auteurs énumèrent des facteurs qui peuvent y avoir contribué, comme la forte incidence du coronavirus à l’époque dans le canton (3110 cas pour 100 000 habitants), le retour des vacances scolaires ainsi que, notamment, le raccourcissement de l’isolement qui est passé de 10 à 5 jours dès le 13 janvier 2022, soit trois jours après le premier cas recensé dans cette école. «Ce qui a conduit à renvoyer à l’école des participants potentiellement infectieux», soulignent les auteurs.
Ce que cette étude montre, c’est que la transmission du virus a été beaucoup plus élevée en milieu scolaire avec Omicron qu’avec les précédents virus. Et que les enfants semblent bien constituer une «source importante d’infections extra-familiales et jouent un rôle clé dans la transmission communautaire».