FootballLe drôle de discours d’Alain Geiger
Après la défaite 4-0 à Lucerne, l’entraîneur de Servette a mis en cause ses joueurs. Une semaine après avoir interpellé sa direction sportive. Le technicien a-t-il des messages à faire passer?


La scène est un peu irréelle. Elle raconte peut-être bien le moment que vit Alain Geiger à la tête de Servette. Pour l’illustrer, il mobilise une référence directement sortie des archives: «Flasche leer», «Flasche leer», «Flasche leer», répétait l’entraîneur des Grenat en conférence de presse dimanche soir, après la défaite 4-0 à Lucerne. Rappel de la mythique tirade de Giovanni Trapattoni, alors entraîneur du Bayern Munich en 1998. Dans la salle de presse de la Swissporarena, l’assistance est empruntée: elle rigole de la reprise, mais ne semble pas trop comprendre d’où elle est venue.
Même si les habitués ne tombent pas des nues non plus: il y a là du Alain Geiger dans le texte, parfois déroutant. Jamais très calculateur lorsqu’il doit s’exprimer. Mais le ton du discours et son sens ne sont jamais anodins. La forme et les mots utilisés peuvent surprendre, mais le message est réfléchi. Alors, avant de reprendre le «Trap’», Geiger a fait savoir ce qu’il avait à dire. Et surtout à faire entendre. «Certains joueurs pensent plus à leur avenir qu’à l’équipe», a-t-il lâché.
Là, pas de hasard. Dans son viseur, ce sont les joueurs, dont certains se soucient surtout du club dans lequel ils joueront la saison prochaine, plus que du destin actuel de Servette – qui en passant n’est toujours pas mathématiquement sauvé. Kastriot Imeri est naturellement désigné, avec un départ quasi certain à l’été. Timothé Cognat l’est aussi, lui qui aurait fait part de ses intentions de voir ailleurs. Il peut viser des championnats supérieurs à la Super League (bas de tableau de Ligue 1, ou éventuellement la Belgique et les Pays-Bas). Moussa Diallo aurait aussi certaines velléités de voir ailleurs. Et puis, il y a les cas Vincent Sasso et Gaël Clichy, en fin de contrat et toujours pas prolongés.
Un entraîneur désabusé?
Alain Geiger préférerait bien sûr que tous ces éléments se montrent plus concernés. Mais il y a une semaine, après le revers contre Saint-Gall, son message était adressé à d’autres. «On a besoin d’un attaquant», avait-il formulé, en substance. Les destinataires? La direction sportive, incarnée par Philippe Senderos, forcément. Parce que le souci de l’entraîneur servettien, c’est probablement aussi de voir son contingent se dégarnir, sans se renforcer.
À l’heure des comptes, un constat s’impose: en une semaine et deux défaites, Alain Geiger s’est lâché à deux reprises face à la presse. Avec des cibles différentes. Qu’est-ce que cela dit du technicien, en poste depuis quatre ans et dont le contrat court encore jusqu’à l’été 2023? De l’inquiétude, peut-être. Elle serait naturelle et compréhensible. À moins que ces prises de paroles ne soient le symptôme de quelque chose d’un peu plus profond. Et si l’homme de la promotion de 2019 et des deux saisons presque miraculeuses qui ont suivi (une 4e, puis une 3e place) se trouvait légèrement désabusé?
Parce que l’effectif grenat a clairement perdu en qualité au fil des saisons, notamment. Et surtout, l’avenir ne projette pour l’instant rien de très rassurant. Les certitudes quant à sa composition se font à l’heure actuelle assez rares. Le mercato sera bien sûr là pour l’ajuster. Mais Geiger préfère peut-être prévenir, que guérir. En y mettant les formes qui lui sont propres.
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