JO de PékinHumeur: des Jeux, ça reste des Jeux!
Covid ou pas, à huis clos ou pas, neige ou pas, l’histoire ne retiendra que les titres olympiques et les médailles. Malgré tout.


Masque ou pas, des Jeux, ça reste unique…
AFPQuand mon chef m’a appelé pour me demander si je voulais aller à Pékin pour ces Jeux, comment aurais-je pu refuser? Je n’ai pas hésité longtemps. Même pas du tout. Des JO, cela ne se refuse pas. Comme pour un athlète, une «sélection» pour cet événement est un honneur, un privilège. Alors oui, mon cœur s’est mis à battre la chamade et j’ai dit oui. Comme la première fois. Comme à chaque fois. Comme un môme. Les JO, tout le monde en rêve. Je me suis dit que j’avais beaucoup de chance de pouvoir me rendre en Chine, dans ce pays si étrange, si fascinant. Alors oui, je me suis vraiment réjoui de couvrir mes septièmes Jeux olympiques…

Le judoka Sergei Aschwanden avait pu se rendre devant l’entrée de la Muraille de Chine lors des JO de 2008.
Sébastien FévalLes Jeux c’est toujours beaucoup de travail, des responsabilités, mais aussi cette envie de vous raconter de belles histoires. Celles d’un grand champion ou d’une grande championne qui entrent dans la légende. Ou la joie de ce représentant d’un pays sans grande tradition des JO d’hiver qui nous a mis les poils au garde-à-vous. Ou les larmes d’un sportif qui a préparé durant quatre ans cet événement et qui se rate le jour J. Sans oublier évidemment de narrer tous les jours les joies et les peines de nos athlètes suisses, partis avec plein d’espoirs de gagner une ou des médailles…
Mais le Jeux c’est aussi l’opportunité de découvrir une culture, des spécialités, une ville ou de voir de plus près un monument. Or, s’il a été possible de se rendre au pied du Corcovado de Rio, de déguster à genoux des plats typiques dans un restaurant japonais à Nagano ou de manger coréen à PyeongChang, là, à Pékin, rien de tout cela. Durant ces trois prochaines semaines, la cité nous est vraiment interdite. Que ce soient les athlètes ou les autres, impossible de gravir, comme à l’Acropole d’Athènes, les marches de la Muraille de Chine ou de visiter la Place Tian’anmen. Nous vivons dans une bulle!

Ces Jeux de Pékin seront forcément différents.
AFPDu coup, il faut bien admettre que ce sont des Jeux différents. Rien à voir avec ce que j’avais vécu en 1998 ou même il y a quatre ans en Corée du Sud. A l’époque, on n’était pas obligé de prendre sa température tous les jours deux semaines avant de s’envoler, de faire attention à tout pour éviter de tomber malade, de passer une journée pour remplir scrupuleusement un formulaire afin d’établir un QR code obligatoire pour entrer dans le pays.
En 1998 au Japon, il y avait de la neige partout, ou en 2004 en Grèce, personne n’avait de masque. Ce n’étaient pas des cosmonautes qui nous accueillaient à l’aéroport. Il était alors inimaginable qu’on nous enfonce des bâtonnets dans les narines pratiquement jusqu’au cerveau! «Ou jusque dans le thorax!» souriait la freestyleuse Sarah Höfflin, championne olympique à PyeongChang de slopestyle, alors qu’elle a attendu, comme moi, comme tous les journalistes, pendant deux heures sur un siège avant de rejoindre un bus et son hôtel où il y a des robots qui nettoient tout sur leur passage et qui vous aspergent d’eau de Javel sur vos bagages.
Tout ça à cause de ce Covid, ce méchant virus si intrusif, qui a tout gâché. Enfin, tout gâché, ce n’est pas vrai. Comme lors mes JO précédents, il reste encore la gentillesse des bénévoles qui font tout, malgré la situation, pour qu’on garde un bon souvenir de ces Jeux, de leur pays et de Pékin. Qu’ils parlent anglais ou pas, derrière leurs combinaisons d’extraterrestres, ces volontaires sont vraiment adorables ou «minions» comme leur surnom. Même quand ils vous torturent les narines ou insistent avec leur tige sur la langue le matin au réveil pour savoir si on est positif ou pas…

A l’aéroport de Pékin, on nous a enfoncé des bâtonnets dans les narines pratiquement jusqu’au cerveau!
AFPAlors que la cérémonie d’ouverture, qui promet (comme toujours) d’être somptueuse aura lieu vendredi au Nid d’Oiseau, on prend le pari que le président du CIO, Thomas Bach, va se réjouir de ces Jeux, qui seront pour lui, pour tous les Chinois, les plus beaux de l’histoire, évidemment.
Et vous savez quoi? Je me réjouis évidemment de ces trois semaines. Même dans une bulle, sans neige, sans public, sans émotion. Cela reste des Jeux et des belles histoires à vous raconter.
Alors qu’est-ce qu’on dit? Merci, chef!