Football: Perret: «Certains collaient Ronaldo pour avoir son maillot»

Le geste du capitaine de Young Boys Mohamed Camara, courant après Erling Haaland pour obtenir son maillot sitôt la fin de la première mi-temps sifflée à Manchester, n’a pas fini de faire parler de lui. Dans le sondage publié ce mercredi matin par «LeMatin.ch», une majorité d’entre vous estiment que la demande de Camara était déplacée (à près de 60%).

Mais les acteurs du football, qu’en pensent-ils? On s’est approché de Philippe Perret, aujourd’hui 62 ans, ancien capitaine emblématique de NE Xamax (540 matches de LNA et 50 rencontres de Coupe d’Europe au compteur) devenu entraîneur, pour en parler.

Qu’a-t-il pensé de l’attitude de Camara? «En tant qu’entraîneur, c’est un comportement que je n’aurais pas trop apprécié de la part d’un de mes joueurs, explique «Pétchon». Déjà, le fait de voir Camara courir après Haaland me dérange, c’est une manière de se mettre à plat ventre devant son adversaire et d’admettre sa supériorité. Ensuite, ce n’était peut-être pas le moment indiqué pour effectuer une telle démarche. YB venait de prendre le deuxième but, l’homme dont s’occupait Camara avait déjà marqué, il aurait peut-être été plus indiqué d’aller remettre ses idées au clair au vestiaire plutôt que de courir après un maillot. Je peux comprendre une certaine fascination, même de la part d’un joueur pro aligné en Ligue des champions, mais pas à n’importe quel prix et à n’importe quel moment. Qu’est-ce qui est le plus important: faire un bon match ou ramener un maillot?»

Et lui, Philippe Perret, quel souvenir garde-t-il de ses échanges de maillots avec ses adversaires? «Déjà, on ne peut pas comparer les deux périodes, nuance-t-il. A mon époque, on n’avait pas les noms dans le dos et les numéros allaient de 1 à 11. Mais j’admets que j’ai dans mon armoire quelques maillots dont je suis fier. Je me souviens de notre match à Madrid, dans un Santiago Bernabeu comble. A la fin du match, l’international espagnol Michel s’est approché du petit joueur de Xamax que j’étais, et c’est lui qui m’a demandé qu’on échange nos maillots. Ce geste m’avait touché.»

Perret ajoute aussi qu’à l’époque, les joueurs n’avaient pas autant de maillots à disposition que les joueurs actuels n’en ont. «Et puis, je n’avais pas forcément toujours envie d’échanger mon maillot. J’étais fier de porter les couleurs de Xamax, et j’ai souvent préféré garder mon maillot en souvenir, plutôt que celui d’un adversaire.»

Philippe Perret a disputé son cinquantième et dernier match européen le 30 septembre 1997 à la Maladière, brassard jaune de capitaine au bras gauche. C’était face à l’Inter Milan d’un certain Ronaldo, qu’on n’appelait pas encore «Il Fenomeno», mais qui allait le devenir.

L’idée d’obtenir le maillot du Brésilien n’a-t-elle pas chatouillé Perret? Il rigole: «Moi, non. Mais certains de mes coéquipiers, c’est sûr! Je ne vais pas donner de noms, mais je me souviens que certains d’entre eux marquaient Ronaldo à la culotte dans les dernières minutes pour une seule raison: être tout près de lui au moment du coup de sifflet final et pouvoir lui demander son maillot!»

Par contre, l’attitude des joueurs du Bayern Munich avait déplu à Perret: «Ils nous ont dit sur la pelouse qu’on échangerait nos maillots dans les vestiaires. Mais on ne les a plus revus dès le moment où ils ont quitté le terrain.» Et les Xamaxiens n’ont pas couru après les Munichois, eux. Même si le match était terminé…