AlimentationDes poids lourds apportent leur soutien aux OGM de nouvelle génération
Alors que les organismes génétiquement modifiés restent interdits, une association, dont font partie Coop, Migros et des représentants du monde paysan, veut contribuer à leur développement.


Les nouvelles techniques génétiques permettraient aux patates d’être plus résistantes aux maladies et d’avoir besoin de moins de pesticides pour les traiter.
Tamedia AGLes OGM vont-ils refaire surface en Suisse? Alors que la culture des organismes génétiquement modifiés est interdite depuis plus de 15 ans dans notre pays, une alliance de poids veut relancer le débat. Baptisée «Variétés pour demain», elle vient d’être créée pour donner un coup de pouce aux méthodes modernes de sélection génétique, révèle la NZZ am Sonntag. «Nous voulons leur donner une chance en Suisse également», déclare le président Jürg Niklaus.
Et cette association compte des poids lourds: à l’image de Coop et Migros, mais aussi l’association de consommateurs alémanique Konsumentenforum, les agriculteurs d’IP-Suisse, les producteurs de fruits et légumes suisses sans oublier la puissante coopérative agricole Fenaco. Tous sont confrontés aux défis du changement climatique qui rend les récoltes plus incertaines, et de la société qui exige plus de durabilité sans diminuer la qualité.
Nouvelles technologies prometteuses
L’association fonde de grands espoirs dans les nouvelles techniques de génie génétique. En effet dans les années 80, les méthodes consistaient à introduire dans le génome d’une espèce un gène provenant d’une autre espèce. Ce qui a débouché sur les OGM les plus connus (comme le maïs de Monsanto). Hic: il est difficile de choisir à quel endroit le nouveau gène va s’insérer et l’opération modifie souvent le génome à d’autres endroits que celui voulu.
Mais la technique a énormément évolué. Les nouvelles méthodes risquent nettement moins de modifier une autre partie de l’ADN que celle voulue et permettent de cibler de façon bien plus efficace le site de la modification génomique. Et ce n’est pas toujours de l’ADN étranger qui est introduit; il est également possible de réécrire le propre matériel génétique de l’espèce. «Cette technologie peut représenter pour notre agriculture un moyen raisonnable entre la culture conventionnelle ou biologique et le génie génétique actuel, dont personne ne veut», souligne Fritz Rothen, directeur d’IP Suisse.
«La science a fait un grand pas en avant»
L’association souhaite donc lancer un large débat sur cette nouvelle technologie et veut démontrer son potentiel. «La science a fait un grand pas en avant. Mais les politiciens et la société n’en ont pas encore vraiment pris conscience», estime Jürg Niklaus. Aux États-Unis et en Asie, la discussion est déjà bien plus avancée, dit-il. «Et nous craignons que la Suisse ne rate quelque chose d’important».