Mode contre tradition - A Oman, il est interdit de modifier la dishdasha

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Mode contre traditionA Oman, il est interdit de modifier la dishdasha

Le gouvernement a décidé de sévir après l’apparition ces dernières années de nouvelles tendances autour de cette robe traditionnelle. L’amende peut atteindre 1000 riyals (2300 euros).

Un tailleur omanais présente une dishdasha dans une boutique de la capitale omanaise, Muscat, le 10 janvier 2022.

Un tailleur omanais présente une dishdasha dans une boutique de la capitale omanaise, Muscat, le 10 janvier 2022.

AFP

Avec leur dishdasha nationale, une robe blanche traditionnelle, les Omanais font look à part dans le Golfe. Siun vêtement similaire est aussi porté par les Saoudiens, les Emiratis ou encore Koweïtiens, la dishdasha des Omanais est cependant ornée, elle, de fines broderies au niveau du col et sur le devant, et s’accompagne d’un turban (le massar) ou d’un chapeau (la koma), aux couleurs et motifs variés. Mais ces dernières années ont vu l’apparition de nouvelles tendances, en particulier chez les jeunes, ainsi que le développement de la production de cette robe à l’étranger. Le gouvernement a alors décidé de réagir.

Atteinte à l’identité omanaise

Il est désormais «interdit d’importer ou de concevoir des vêtements» qui ne respectent pas les critères de fabrication du pays et qui portent ainsi atteinte à «l’identité omanaise», d’après un décret du ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Promotion des investissements, publié en janvier, en référence à la dishdasha. Le non-respect du décret est puni d’une amende de 1000 riyals (environ 2300 euros), le double en cas de récidive. Une peine similaire est appliquée pour le port ou la fabrication de chapeaux non conformes aux traditions, selon des médias locaux.

Selon le texte, les fabricants de dishdashas doivent utiliser principalement du coton, n’ajouter des broderies qu’autour du cou et sur les manches, ou encore réserver cet habit aux seuls hommes. «Le tissu utilisé doit être d’une couleur unique», explique un responsable au sein du ministère, ajoutant que le blanc ou les couleurs sobres doivent être privilégiés.

Agacement de la jeunesse

Dans la capitale Mascate, de jeunes Omanais s’agacent d’une telle atteinte à leurs «libertés personnelles». Mais dans un pays où les critiques publiques contre les autorités sont très rares, la plupart disent comprendre le gouvernement. Pour Ouahib Al-Jadidi, 36 ans, cette décision «peut être bonne pour fixer certaines règles, mais elle entre en conflit avec la liberté personnelle». «Certains hommes veulent porter des dishdashas qui correspondent à leurs goûts», ajoute ce jeune entrepreneur, qui regrette que la nouvelle loi les en «empêche».

Propriétaire d’un atelier et d’un magasin de dishdashas et d’accessoires pour hommes, Nabegh Al-Qarni estime lui que la robe nationale a subi trop «d’altérations». «Parmi les plus importantes, il y a le raccourcissement de la dishdasha ou encore des inscriptions, des motifs et des broderies de trop grande taille», énumère cet Omanais de 35 ans. «On a aussi vu des couleurs inhabituelles», dit-il à. Selon lui, beaucoup d’Omanais rejettent certaines de ces nouveautés, «en particulier les personnes les plus âgées».

Made in Oman

Mais la dishdasha n’est pas seulement un «symbole du peuple omanais» et de son «patrimoine», elle revêt aussi une «grande importance économique», souligne l’analyste Khalfan Al-Touqi. Si elle n’est pas obligatoire, elle est cependant portée par la quasi-totalité des 1,4 million d’hommes omanais du pays.

Or, selon lui, de nombreux commerçants ont acheté des dishdashas à l’étranger, en particulier en Chine et en Inde, «ce qui a nui à l’identité et à l’économie d’Oman». D’où les nouvelles mesures, présentes pour empêcher une situation dans laquelle «un produit omanais bénéficie aux pays étrangers au lieu de profiter au pays d’origine».

(AFP)

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