Jura bernoisPourquoi enlever un bovistop? Pour punir les vététistes?
Le mystère plane à Crémines, mais les langues se délient: celui qui a ôté deux grilles sur des fosses a fabriqué un piège fatal sur des chemins blancs.

La question taraude bien au-delà du Cornet, une vallée aussi appelée Grand Val, avec au nord la chaîne du Raimeux, qui culmine à 1302 mètres. Qui a déplacé la grille de deux bovistop sur des chemins blancs éloignés l’un de l’autre? Qui, et surtout, pourquoi?
À six kilomètres de Moutier, la mairesse de Crémines ne se perd pas en conjectures: «Ceux qui ont été mis en danger sont les vététistes», déclare Carole Ristori, en prenant soin de ne désigner personne. «Nous sommes préoccupés et nous souhaitons sensibiliser les randonneurs à ce danger: leur sécurité passe avant tout», affirme-t-elle.
La pratique du VTT, c’est le point commun entre les deux chemins piégés, deux sabotages constatés l’un le 10 juin dernier en amont de la gare de Corcelles, et l’autre signalé le 29 juillet en amont de la gare de Gänsbrunnen (St-Jean). Le chemin sépare les pâturages de deux frères qui se font la guerre et qui ont été auditionnés par la police. «Des véreux, virulents et agressifs, qui vous accueillent un fusil à la main», prévient un paysan. Ce qui n’en fait pas des coupables.
Manquer de respect
Deux jeunes agriculteurs rencontrés à Gänsbrunnen tentent une explication, tandis que trois vététistes sortent du train Soleure-Moutier: «À vélo, ils sont quelques-uns à manquer de respect en sortant des chemins, en traversant les troupeaux, en jetant des déchets et même en coupant des fils», disent-ils.
Un paysan du coin est-il particulièrement remonté contre les vététistes? «Des VTT, il y en a partout», lâche un agriculteur. «Je laisse l’enquête à la police», déclare la mairesse. La plainte déposée par les autorités communales sert d’abord à prévenir les usagers d’un danger qui peut se révéler fatal: «Il y a clairement une mise en danger», constate Carole Ristori.
L’enquête n’a pas progressé avec la publication vendredi dernier d’un appel à témoins. «Je me promène souvent en direction de la Charrière, mais je n’ai rien remarqué», dit une villageoise de Corcelles qui vend du miel en libre-service.
Une grille de bovistop est impossible à manœuvrer à la force du poignet: lematin.ch a essayé, peine perdue, avec une charge de quelque 300 kilos… «Une machine a probablement été utilisée pour la manœuvre», indiquait la police cantonale vendredi dernier. Un tracteur équipé d’une chaîne? Possible…
Danger certain
La police évoque un «danger certain» pour tous les usagers, piétons, véhicules et animaux, «en particulier de nuit ou par mauvais temps». «Ils peuvent se tuer là-dedans», dit un agriculteur rencontré à Corcelles, en évoquant des fosses profondes d’un mètre, avec des arêtes métalliques. Précision de la mairesse: «Une fosse est d’autant plus invisible pour un vététiste qu’elle est remplie d’orties, entre autres herbages».
La distance de freinage est trop courte, mais le 29 juillet, la chance des vététistes, c’est d’avoir freiné à l’approche d’un troupeau de vaches placé devant le bovistop saboté. Ce jour-là, le berger qui se rendait à la loge située plus haut que le pâturage a pu remettre la grille à sa place. De son propre aveu, la mairesse de Crémines a «extrêmement peur». Son incompréhension est totale, sachant qu’«on aime tous la nature».
«Les vététistes ne polluent pas, ils ne font rien de mal», martèle la mairesse. Petit bémol d’un agriculteur: «Avec l’apparition des vélos électriques, il y a davantage de cyclotouristes moins précautionneux». Pour tous les usagers des chemins blancs, dans une nature faite de chardons et de gentianes, la précaution s’impose jusqu’à la conclusion de l’enquête.