Bienne: «Peter K., c’est un nom romand!»

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Bienne«Peter K., c’est un nom romand!»

Le forcené biennois est le héros d’un film alémanique qui sera diffusé dans les salles romandes dans dix jours avec un sous-titrage en français. Rencontre avec son réalisateur, Laurent Wyss.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Prénom romand et nom alémanique: le réalisateur Laurent Wyss incarne le bilinguisme biennois dans les studios de la TV régionale TeleBielingue, où il est directeur des programmes, mais aussi à l’Atomic Café, où il prend une pause pour parler cinéma. «Le saviez-vous? Peter K. est un nom romand», se marre l’auteur du film «Peter K. - seul contre l’État», inspiré d’un fait divers survenu à Bienne en 2010.

Un nom romand, Peter K.? «Cette identité a été véhiculée jusqu’au bout par les médias romands, alors que les médias alémaniques mentionnent son nom complet», remarque le cinéaste biennois. Lui a choisi l’appellation la plus punchy: il voulait même intituler son film sobrement «Peter K.», mais la production a adjoint «seul contre l’État» pour cerner le personnage qui s’est rebellé contre l’autorité, lorsque sa sœur a provoqué la vente aux enchères de la maison héritée de leurs parents.

Sans un sou

La cavale du forcené, qui s’est enfui après avoir tiré sur la police, a duré dix jours. Elle a de quoi donner du corps et du rythme à un long-métrage. Les médias locaux ont encensé «Peter K. – seul contre l’État»: meilleur film de l’année pour le «Bieler Tagblatt», tandis que le réalisateur de 46 ans était nominé par l’hebdomadaire «Biel Bienne» pour devenir «Biennois de l’année» avec un film tourné «sans un sou en poche, avec des bouts de ficelle et une seule recette: la débrouillardise». L’acteur Manfred Liechti est nominé au niveau national pour le Prix du cinéma suisse 2023 dans la catégorie «meilleure interprétation masculine».

Laurent «Lolo Wyss» a réalisé deux longs métrages «envers et contre tout», relève «Biel Bienne»: «Manche Hunde müssen sterben» en 2014 et «Peter K. – Seul contre l’État» sorti l’an dernier, après sept ans d’un travail pas ou peu rétribué. «Mais les acteurs et les techniciens ont tous été payés au tarif usuel», précise le réalisateur.

Douzième semaine

À Bienne, le film a trouvé son public: sorti le 10 novembre, il est toujours à l’affiche, en douzième semaine! À Berne aussi, le public a répondu présent, portant le nombre de spectateurs à 8500. Mais la sortie romande du 8 février, avec des avant-premières dès le 3 février, est vitale pour le réalisateur: le cap des 10 000 spectateurs équivaut à un soutien fédéral pour le film suivant…

En diffusion romande, le film sera sous-titré. «Un doublage? Financièrement, c’est carrément impossible!», s’exclame Laurent Wyss qui a donné un rôle à sa fille. Le public francophone répondra-t-il présent? «C’est mon espoir, avec l’histoire universelle d’un citoyen lambda qui défend ses libertés contre la bureaucratie», répond le réalisateur. «La vente forcée d’une maison héritée, c’est assez fréquent…», ajoute Laurent Wyss.

Dans son monde

À la prison de Thoune, le détenu Peter K. a visionné le film de Laurent Wyss sur un écran d’ordinateur, seul dans une salle. Après l’avoir félicité, le détenu condamné en 2013 à des mesures thérapeutiques stationnaires en raison de ses délires a critiqué le réalisateur. «Il est décidément enfermé dans son monde, replié sur lui-même», constate le cinéaste.

«Il ne sortira jamais de prison: il s’y sent aussi bien qu’en maison de retraite», suppose Laurent Wyss. Le réalisateur biennois ne prévoit pas un «Peter K. II», sauf s’il s’évade…. Sans plan de carrière, il est en train de lire un scénario d’une centaine de pages, à la recherche de personnages qui sortent de l’ordinaire, avec un message universel.

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